En chantier !!!
En mai 68, lectrice, lecteur, étiez-vous seulement nés ?
L’histoire de l’anarchisme ne commence pas dans l’insurrection étudiante et les grèves ouvrières de ce printemps-là, mais un siècle plus tôt, lorsque les ouvriers d’Europe et d’Amérique créaient leurs premières organisations, leurs premiers syndicats. Ou quand Proudhon revendiquait le mot : « Si c’est votre ordre qui règne, alors, oui, je suis anarchiste ! »
Les anarchistes aiment se raconter des légendes, s’inventer des ancêtres et des héros. Il n’y a pas de mal à ça : sans dieu ni maître, le culte de saint Durruti, des saintes Louise et Emma, voire de saint Ravachol ne fait guère de dégâts, leur geste finit en chansons ou en T-shirts. Mais l’histoire de l’anarchisme est une histoire d’hommes et de femmes en lutte, avides de savoir et de changement social, de culture et d’idéal. C’est aussi une histoire d’erreurs et d’échecs, de confrontations et de succès, et d’une volonté qui n’est jamais abattue. Être exploité ou opprimé ne suffit pas à faire des anarchistes, il faut vouloir en finir avec la domination et porter en son cœur un monde nouveau.
L’histoire des anarchistes est largement absente des manuels et n’a percé dans le monde universitaire que depuis peu. Les lignes qui suivent donnent un aperçu, quelques bribes, des lignes de force, scandées par des chansons.
Marianne Enckell
La liberté
Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté
d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. [...] Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s’étend à l’infini.
Michel Bakounine
L’Empire knouto-germanique (Dieu et l’État), in œuvres complètes, vol viii, Champ libre, 1982, p. 173.
– La passion de la liberté, Amedeo Bertolo
– Une liberté, Alain Thévenet
– La servitude volontaire, Xavier Bekaert
– Les li-li, les bo-bo et Kropotkine, Monique Boireau-Rouillé
Le pouvoir
Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C’est, sous prétexte d’utilité publique, et au nom de l’intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !
Pierre-Joseph Proudhon
Idées générales de la Révolution au xixe siècle, pp 310-311.
– Du pouvoir politique, Eduardo Colombo
– Bakounine, l’État et l’Église, René Berthier
– La délégation de pouvoir, Monique Boireau-Rouillév
– Le vote et le suffrage universel, Eduardo Colombo
– Le droit, Jean-Jacques Gandini
L’anarchie
Propriété individuelle et pouvoir politique sont deux maillons de la chaîne qui rend esclave l’humanité ;
ce sont comme les deux faces de la lame du couteau de l’assassin. On ne peut pas se libérer de l’une sans se libérer de l’autre. Abolissez la propriété individuelle sans abolir le gouvernement, et celle-là sera rétablie par les gouvernants. Abolissez le gouvernement sans abolir la propriété individuelle, et les
propriétaires rétabliront le gouvernement.
Errico Malatesta
L’Agitazione, de Ancona, 15 mai 1897
– Une brève histoire de l’anarchisme Marianne Enckell
– Anarchie et anarchisme, Eduardo Colombo
– Du syndicalisme révolutionnaire et
de l’anarchosyndicalisme, Jacques Toublet
– Bref voyage dans l’économie qui n’existe pas, Luciano Lanza
– La propriété, Alain Perrinjaquet
– L’éducation intégrale, Héloïsa Castellanos
– L’éducation libertaire, Hugues Lenoir
– Dieu André Bernard
– Anarchisme et marxisme, Miguel Chueca
Les luttes
Le caractère de la manifestation impliquait le port du drapeau noir, drapeau de la misère et drapeau des grèves, plutôt que le port du drapeau rouge, cloué sur les tombes de la Commune.
Louise Michel,
d’après Maurice Dommanget :
Histoire du drapeau rouge, des origines à la guerre de 1939.
– La révolution René Furth
– La grève générale, Daniel Colson
– L’action directe, Daniel Colson
– Les actions directes dites non violentes, François Sébastianoff
– La désobéissance civile, Xavier Bekaert
– Les collectivités dans la Révolution espagnole de 36, Frédéric Goldbronn,Frank Mintz
– Mujeres Libres, Miguel Chueca
S’organiser
Aussi bien dans les petites que dans les grandes communautés, la désorganisation est l’origine et
la justification de l’autorité [...]. L’organisation, loin de créer l’autorité, est le seul remède contre elle et la seule forme pour que chacun de nous s’habitue à prendre une part active et consciente dans le travail collectif,
et cesse d’être un instrument passif entre les mains des chefs.
Errico Malatesta
L’Agitazione, de Ancona, 11 juin 1897.
– Alternative libertaire, Édith Soboul
– La Confédération nationale du travail, Yves Peyraut
– La Fédération anarchiste, Laurent Fouillard
– L’Organisation communiste libertaire, Jean-Pierre Duteuil
– Comment s’organiser ? Mimmo Pucciarelli
– L’Espace autogéré à Lausanne, Roger Bidon
Manières de vivre
Ne sacrifiez point le bien présent au bien à venir. Jouissez du moment, évitez toute association de mariage ou d’intérêt qui ne contenterait pas vos passions dès l’instant même. Pourquoi travailleriez-vous pour le bien à venir, puisqu’il surpassera vos vœux, et que vous n’aurez dans l’ordre combiné qu’un seul déplaisir, ce sera de ne pouvoir doubler la longueur des jours, afin de suffire au cercle immense de jouissances que vous aurez à parcourir ?
Charles Fourier
Théorie des quatre mouvements et des destinées générales,Jean-Jacques Pauvert, 1967, pp. 242-243.
– L’écologie, Alain Thévenet
– L’agriculture, Jean-Pierre Tertrais
– Projet d’économie socialiste libertaire :l’économie participative, Miguel Chueca
– L’art et l’inventivité, Philippe Garnier
– L’espéranto, Yves Peyraut
– La libre disposition de son corps, Marcel Viaud
– Les stérilisés de Bordeaux, Marc Prévôtel
– L’utopie de l’amour libre, J. M. Carvalho Ferreira
– La laïcité, Jean-Jacques Rondeau
– Un Africain face à l’anarchisme,
l’anarchisme face à un Africain, Pierre Sommermeyer