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La nature humaine, un concept excédentaire dans l’anarchisme
Tomás Ibáñez
Article mis en ligne le 1er mai 2014
dernière modification le 15 mai 2016

par webmestre
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L’EXAMEN ATTENTIF DE CE QUE PROUDHON, BAKOUNINE, KROPOTKINE et autres fondateurs de l’anarchisme écrivirent au sujet de la nature humaine présente l’indéniable intérêt de nous éclairer sur certains des présupposés qui orientaient leur pensée, en même temps que sur la totale absence de fondements de ce lieu commun qui présente l’anarchisme comme étant empreint d’une vision beaucoup trop optimiste de la nature humaine.

Pour certains d’eux ce fut probablement l’exigence de réfléchir, d’une part, aux conditions de possibilité de l’anarchie et, d’autre part, à ses effets éventuels sur le développement des individus, qui motiva l’intérêt prêté à question de la nature humaine. En effet, il fallait passer au crible l’argumentation selon laquelle certaines caractéristiques de l’être humain rendraient non viables les modes de vie collective proposés par les anarchistes, et, réciproquement, il fallait interroger les caractéristiques que devrait avoir l’être humain pour qu’une société sans coercition institutionnelle soit effectivement possible. D’autre part, il fallait se demander si l’architecture sociale prônée par les anarchistes serait favorable au développement des potentialités positives de l’être humain, et si certains mécanismes de contention seraient nécessaires pour en neutraliser les éventuelles composantes négatives.
différentes
approches de la nature humaine ainsi que ce que les anarchistes ont dit historiquement à son sujet, je me pencherai sur la place que le concept de nature humaine devrait occuper au sein de l’anarchisme, mais en partant de l’anarchisme comme critère pour évaluer la pertinence de ce concept au lieu d’évaluer l’anarchisme à partir de présupposés sur la nature humaine. Après quoi j’essaierai d’ébaucher une position anarchiste par rapport à deux grands débats contemporains – celui sur les fondements ultimes du respect des droits humains, et celui qui porte sur l’eugénisme et le transhumanisme1 – deux débats dans lesquels la nature humaine apparaît parfois comme une sorte de dernière ligne de repli face à l’arbitraire, aux atteintes à la dignité humaine et aux dangers des biotechnologies.

DE QUOI PARLE-T-ON LORSQUE L’ON PARLE DE LA NATURE HUMAINE ?

Pour savoir comment se situe l’anarchisme par rapport aux diverses positions sur la nature humaine, il est sans doute utile de commencer par les cartographier à grands traits.Même s’il est vrai que ces positions se distribuent sur un continuum qui va de l’affirmation dogmatique de son existence jusqu’à sa totale négation, on peut cependant le scinder en deux grands ensembles. L’un englobe tous ceux qui défendent la réalité de la nature humaine, l’autre comprend ceux qui dénient une quelconque existence matérielle au référent de ce concept.

Avant de survoler les diverses conceptions qui coexistent, non sans tensions, au sein du premier ensemble, il convient de préciser, pour éviter desmalentendus conduisant souvent à de faux débats, que personne, pas même ceux qui récusent la réalité de la nature humaine, nemet en doute l’existence d’un substrat commun à toute l’espèce humaine. Cette unité de l’humanité se manifeste, comme l’explique entre autres EdgardMorin2, sur toute une série de plans qui vont du domaine morphologique, anatomique, ou physiologique jusqu’au plan génétique, où cette unité rend possible, notamment, l’inter-fécondation entre tous les hommes et les femmes quelle que soit leur origine ethnique.


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