Lorsqu’Ippolita a commencé à réfléchir, il y a plusieurs années de cela, elle sentait comme une nécessité de clarifier la distinction, en train de se faire, entre le mouvement Open Source de celui des logiciels libres. Si les deux courants sont associés à une certaine « liberté », la « liberté » offerte par les logiciels libres est de nature différente de la « liberté » proposée par le mouvement Open Source. La première est plus idéologique, tandis que la seconde met au point la meilleure façon de promouvoir un produit pour le rendre attirant, autrement dit, elle suit absolument la logique du marché. Le mouvement Open Source a adopté l’attitude ludique des hackers qui partagent leurs fichiers ; et il l’utilise dans une logique de travail et d’exploitation orientée vers le profit. Ainsi a-t-il neutralisé le potentiel révolutionnaire de ses origines.
L’analyse qui suit entend montrer que Google, tentative d’organisation hégémonique de « toute l’information du monde », s’est développé de la même manière. Elle examine comment la logique de l’Open Source, combinée à la philosophie californienne de l’excellence (que l’on retrouve dans la devise de Google « Ne faîtes pas le mal ») n’est qu’une excuse pour se ranger sous la bannière de l’abondance et l’illusion turbocapitaliste d’une croissance illimitée. Elle vend un mythe : plus, plus grand et plus rapide équivaut, toujours, à meilleur ; et le bouton « j’ai de la chance » va satisfaire tous nos désirs tout de suite et sans effort, par un seul clic de la souris. Elle crée l’illusion confortable qu’on prendra bien soin de vous si vous créez un compte Google, et que vous n’aurez besoin de rien d’autre.
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