« L’État est une réalité composite et il n’est rien d’autre que l’effet mobile d’un régime de gouvernementalités multiples. »
Michel Foucault
Dissipons d’entrée de jeu toute ambiguïté, je demeure profondément convaincu qu’aujourd’hui tout comme hier, et aussi bien sur le plan des idées que sur celui des luttes, l’assaut politique mené par les anarchistes contre l’État est plus que justifié. En tant que l’État est le maître et l’agent de la souveraineté, en tant qu’il s’adjuge le droit de réprimer sans égards toute tentative de subvertir l’ordre établi et qu’il se charge d’assurer la soumission généralisée aux exigences du système social institué, il est clair que la suppression de l’État constitue toujours une condition absolument nécessaire pour construire une société faite de justice sociale et de liberté.
Encore ne faudrait-il pas lâcher la proie pour l’ombre et se tromper d’ennemi en prenant la partie pour le tout. Le fait même de ne parler que de condition nécessaire nous alerte sur le caractère probablement insuffisant de l’assaut mené contre l’État. En effet, de quoi nous servirait une société sans État si les rapports de domination se maintenaient en son sein ? Et, au fond, qu’importe que l’État disparaisse si la domination demeure ? C’est bien entendu la question du pouvoir/domination et non celle de l’État qui est au cœur de la démarche anarchiste telle que je l’entends, puisque l’État n’est que l’une des formes historiques que peut prendre l’exercice de la domination sociale, et puisque quelle que soit la forme qu’elle prenne c’est bien la domination qu’il s’agit de démanteler.
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