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Salut à l’action directe - [ Réfractions, recherches et expressions anarchistes]
Réfractions, recherches et expressions anarchistes
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Marianne Enckell
Salut à l’action directe
Article mis en ligne le 29 octobre 2010
dernière modification le 29 novembre 2010

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L’arrestation mouvementée d’un groupe de militants à
Tarnac, en novembre 2008, et les très graves chefs d’accusation
dont le pouvoir d’État les a affublés ont suscité pendant trois
mois un nombre de textes, de manifestes et de pétitions comme on
n’en avait plus lu depuis longtemps. Du beau langage, des grandes
signatures, des témoignages de solidarité, des ronds-de-jambe, des
théories et propositions radicales : il y a de bonnes et de mauvaises
fréquentations, que l’on ne choisit pas toujours. Il y a aussi, à mon goût,
beaucoup de mots à reprendre, à citer, à malaxer.

Le plus grave, c’est qu’un homme reste en prison, ainsi que plusieurs
militant.e.s inculpé.e.s dans d’autres affaires sous le même prétexte de
« mouvance anarcho-autonome » ; avec un dossier judiciaire vide,
nourri par la machine infernale du discours contre le terrorisme, qui
n’exclut donc pas de lourdes conséquences.

« L’antiterrorisme est une machine qui tend à désigner toute forme
d’insoumission comme un ferment « révolutionnaire », c’est-à-dire comme
le germe du chaos à venir, mais c’est aussi un laboratoire où l’on crée de
nouveaux marchés politiques et économiques : désigner l’ennemi intérieur,
le fabriquer pour mieux le saisir et l’écraser publiquement est devenu une
mécanique, un savoir-faire à disposition des fractions de la classe
dominante [1]. »

On ne le répétera jamais assez, chaque détenu.e est un.e détenu.e
de trop, quelles que soient les raisons de son entaulement. Mais cette
remarque concerne tout le système des prisons, celui de l’organisation
de la vindicte appelée justice [2], et non l’innocence ou la culpabilité des
personnes emprisonnées. Le discours sur les droits présumés des
prisonniers politiques risque de faire
silence sur les « prisonniers sociaux »,
celles et ceux-là qui n’ont eu que le
« crime » pour dire leur désarroi, la misère
dans laquelle ils vivent, leur haine des
contraintes, celles et ceux-là qui sont
écrasés dans le silence funèbre de
l’enfermement.

Le courageux journal
L’Envolée [3] est aujourd’hui un des rares
lieux où leur parole se fait entendre, où
l’idée est défendue que « juger, punir et
même soigner le criminel » ne devrait
plus exister, que c’est la notion même de
crime qui doit être remise en question –
par la pratique et la redéfinition des
rapports sociaux et des normes qui
devraient les régir.

Sans loi, pas d’infraction, sans loi, pas
de crime. Peut-on parvenir à vivre en
dehors de la loi sans être taxé de criminel,
voire de terroriste ?

Les communards

« Ils refusent de se soumettre à l’ordre
social dominant, mais rejettent aussi tout
embrigadement dans les organisations
syndicales ou politiques. Leur refus des
normes bourgeoises, comme des préjugés
propres aux classes populaires, les amène
à inventer d’autres rapports entre
hommes et femmes et entre adultes et
enfants, à prôner l’amour libre et la
limitation volontaire des naissances. Leur
rejet du salariat les conduit à expérimenter
la vie en milieu libre, à réfléchir
à d’autres modes de consommation et
d’échanges, mais aussi à emprunter la
voie de l’illégalisme, alternant chapardages
et petites combines, débrouille et
estampage. »

À quoi bon revenir à des exemples vieux
d’un siècle ? Anne Steiner parle dans son
récit des habitants de communautés de
la Belle Époque [4], mais elle pourrait aussi
parler de gens d’aujourd’hui, ceux de
Tarnac, de Christiania, de Frayssinous,
d’Anarres, des espaces autogérés et des
centres sociaux, tous ces « laboratoires de
l’utopie » bien réels qui rythment
l’histoire et l’imaginaire anarchiste.
Les « en dehors » qui peuplent ces
lieux ne s’éloignent pas pour autant des
luttes quotidiennes et des mouvements
sociaux. Celles et ceux que l’on range
traditionnellement dans le courant
« individualiste » sont attentifs aux failles
et aux contradictions du vieux monde,
tout en inventant des pratiques et des
espaces qui permettent de respirer,
d’inventer, d’accueillir. En dehors des
lois, dans la mesure du possible, sans trop
s’en préoccuper – jusqu’au moment où
elles vous rattrapent. Nul ne peut ignorer
la loi ; et celles que se donnent en toute
autonomie les communautés ou les
organisations n’ont aucune légitimité
face aux lois de l’État.

L’action directe, qui veut ignorer le
cadre légal et ne demande la permission
à personne, est-elle alors illégale, donc
punissable ?

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Notes :

[1Mathieu Rigouste, cité par Barricata, mars 2009.

[2Réfractions 22
C’est le titre d’une brochure de Kropotkine, écrite en 1900.

[4Anne Steiner, Les en-dehors : anarchistes
individualistes et illégalistes à la « Belle époque »,
Paris, 2008.Voir le compte rendu de René Fugler
dans Réfractions 21


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