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Max Cafard
Manifeste surré(gion)aliste
Article mis en ligne le 23 novembre 2009
dernière modification le 8 janvier 2010

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Le texte qui suit est la traduction française du premier chapitre de
The Surre(gion)alist Manifesto and other Writings, publié par Exquisite
Corpse Book, Bâton Rouge, USA. La traduction est publiée sur le site internet
http://raforum.info/maxcafard/spip.php?rubrique6.
C’est cette traduction que nous publions ici avec quelques légères modifications et,
pour des raisons techniques, sans les illustrations qui l’accompagnaient.
La traduction intégrale de l’ouvrage est en cours et paraîtra sur le même site.
Bien que ce texte se situe dans un contexte bien particulier, celui de la Louisiane,
il nous a semblé pouvoir être source de réflexion intéressante pour ce numéro.

Quant au pseudonyme de l’auteur, notons simplement que le cafard est un insecte
très répandu en Louisiane et qu’on prétend qu’il survivra à l’humanité…

Dédicaces

Ici nous jetons l’ancre dans la terre grasse.

Tristan Tzara, Manifeste dada (1918)

Pour notre Mère la Terre, nous faisons voile sur des Vaisseaux Célestes.
Nous sommes à l’ancre sur Erda, nous chevauchons le vent. Nous
prenons le vol pour Gaïa et nous déployons nos terribles ailes de
Cafard. Nous ne tremblons plus à ce son castrateur, déféminisant : le
Nom du Père. Nous remembrons Maman. Papa a démembré Maman.
Nous nous r-appelons maintenant les Noms refoulés de la Mère.
Anamnèse pour Inanna anonyme. Une célébration surré(gion)aliste, un
Manifestival pour Mère Terre. Ceci est dédié à Celle que nous aimons.
Pour la Grande Mère, dans ses mille formes, le voici : le Manifeste Mama
(1989).

Principia Logica 1

Breton disait « nous vivons encore sous
le règne de la logique ».

Aujourd’hui, c’est plus vrai que jamais.
En fait, nous vivons maintenant sous le
régime des pluies acides de la Logique.
La question est : quelle logique ?
Il y a logiques et logiques : écologique,
géo-logique, psycho-logique,
mytho-logique, ethno-logique, sociologique,
astro-logique, cosmo-logique,
onto-logique, physio-logique, biologique,
zoo-logique, etc.
Cependant, tous ceux-là sont
transformés en sous-ensembles de la
seule et universelle techno-logie.Technologie,
mort du Vrai. Techno-logie, châsse
du Vrai. Inhumation du Vrai sous un
fardeau écrasant – sous une profusion de
Sciences.

Le savoir véritable requiert la « quête
de la Vérité », la traque de la Vérité, la
recherche de la Vérité, la faim et la soif de
la Vérité, la poursuite de la Vérité le long
de tous ses sentiers sinueux dans la
Logique, à travers ses labyrinthes dans la
Logique. Cela veut dire gravir des
montagnes logiques, plonger au fond de
l’océan logique, traverser une infinité de
plans non parallèles et irréductibles.
Quête de la Vérité signifie permettre
toujours qu’elle nous échappe.
Se hisser sur l’Œuf Cosmique
« La région régionne » disait Heidegger,
le crâne d’œuf, canaille de guerre en
guerre. Tronche d’ail déguerpie ! Noble
blanc d’Edelweiss et Merde d’Âne
d’Eselscheisse ! Drageon d’une race qui
joua sa course dans la Merde ! Avocat
véreux de l’Être ! La « Région » ne
« régionne » pas. C’est exactement le
contraire. (Présentement pour l’Étant du
Temps).

Où est la Région, de toute façon ? Pour
chaque Logique, il y a une région.
Signalons-en quelques-unes, qui sont
d’une importance particulière pour nous,
Surre (gion) alistes : les Ecorégions, les
Géorégions, les Psychorégions, les
Mythorégions, les Ethnorégions, les
Sociorégions et les Biorégions.
Ce n’est pas une blague ! Nous ne
sommes Biorégionalistes que si nous
sommes Régionalistes. Et dès lors que
nous commençons à penser Régions,
nous découvrons une vaste multiplicité.
De Régionalismes et de Régions, de
Régions à l’intérieur de Régions, et de
Régionalismes à l’intérieur de Régionalismes.
De là, le Surré (gion) alisme.
Les Régions sont inclusives. Elles
n’ont pas de bordures, pas de limites, pas
de frontières, pas de délimitations. Bien
que les Régionalistes soient des marginaux,
les Régions n’ont pas de marges.
Les Régions sont traversées par une
multitude de lignes, de plissements, de
stries, de filons, de plis. Mais toutes les
lignes sont incluses, aucune n’exclut. Les
Régions sont des corps. Des corps qui
s’interpénètrent. Des corps qui s’interpénètrent
dans des espaces quasi simultanés.
(Comme des étrangers dans la
Nuit.)

La Région est l’origine. C’est notre lieu
d’origine. Là où tout continue d’originer.
L’origination est un mouvement perpétuel.
La réhabitation signifie la réorigination.
Nous retournons à nos racines
pour la nourriture. Hors ce retour, nous
nous étiolons et nous mourons. Nous
suivons nos racines et nous découvrons
qu’elles s’étendent toujours plus
profondément et qu’elles sont toujours
en partance vers l’extérieur. Elles forment
une toile infinie ; elles embrassent
tellement tout l’ensemble que
l’arrachement en devient impossible et
impensable, la déracination irrationnelle.

P.S. :

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