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Pierre Sommermeyer
Le capitalisme à un tournant
Article mis en ligne le 14 juillet 2008

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Si tu veux sauver un arbre,
mange un castor !

Hong Kong pue. Voilà l’information que l’on peut tirer de la
dernière offensive publicitaire de Singapour visant à détrôner
l’île chinoise comme place financière mondiale1.

Hong Kong pue. Les vents qui soufflent du continent amènent les
miasmes produits par le développement effréné de la province
limitrophe du Guangdong jusqu’aux fenêtres closes de l’ancienne
propriété britannique. La rivière des Perles qui fournit l’île en eau
potable est devenue un cloaque à ciel ouvert.

Hong Kong pue ! Ce message écologiste à destination des banquiers
contient toutes les mises en garde murmurées, prônées, criées par les
écologistes ces trente dernières années. La prise en compte de ces
données par les financiers de cette île va faire la fortune d’une autre île,
Singapour, où depuis longtemps déjà, jeter une cigarette ou un
chewing-gum par terre est considéré comme un délit.

La question environnementale ne fait plus peur au capitalisme, au
contraire ! Le travail de vulgarisation fait par ceux qui avaient conscience
de la détérioration de la planète a porté ses fruits, aidé en cela par les
événements climatiques. La prise de conscience de la dégradation
irrémédiable du monde qui nous entoure est présente aujourd’hui
dans tous les milieux. Dans les entreprises comme dans les structures
étatiques, on assiste à un virage stratégique.


Le tournant

La question environnementale amenant
les financiers à fuir leur château fort, on
peut se demander s’il y a là plus qu’un
simple souci de santé.
S’il fallait définir simplement la situation
économique de notre planète, nous
pourrions dire que nous sommes face à
deux tendances convergentes, la recherche
d’un abaissement permanent
des coûts d’un côté et, de l’autre, une
augmentation tout aussi permanente des
profits. Que cela ait pour conséquence la
misère du monde, tant matérielle que
psychologique, est absolument secondaire.
Le premier point a été rendu possible
par l’incroyable développement des
outils robots, qui ont fait passer aux
oubliettes tout ce qui relevait du savoir
traditionnel, du « tour de main ».

Les « processus de production » se
sont tellement simplifiés, du point de vue
de l’implication humaine, qu’une formation
professionnelle passe-partout est
suffisante pour faire fonctionner les
lignes d’assemblage. Les conditions
nécessaires à une délocalisation de la
production sont ainsi remplies.
Dans le domaine financier, on assiste
à un jeu de « chaises musicales » par le
biais des LBO2. Des fonds de pension
achètent à crédit des entreprises,
utilisant leur production pour financer
la dette bancaire puis revendre ces
entreprises avec un bénéfice sans jamais
avoir investi un kopeck directement3.
Selon le Monde du 28 novembre 2006,
on trouve parmi ces joueurs de monopoly
financier les trois plus grands
groupes mondiaux, Blackstone, Carlyle4,
et Goldmann. À eux trois, ils gèrent
pour plus de 100 milliards de dollars de
LBO5. De cette façon, les seuils de
rentabilité avoisinent, selon les sources,
entre 25 et 15 pour cent du chiffre
d’affaires.

Cette double pression sur les pays
anciennement industrialisés produit de
façon irréversible des transferts du tissu
industriel traditionnel6 vers des pays à
toujours plus faible coût de maind’oeuvre7.
Que reste-t-il dans nos vieux pays ?
Un système étatique, au sens large du
terme8, une main-d’oeuvre cassée,
désorganisée, et une prise de conscience
amère. Les rescapés qui sont encore
employés savent bien qu’ils viennent
d’échapper à leur disparition économique
totale et qu’ils sont devant un
champ de ruines, autant au niveau de
leurs espérances propres qu’en ce qui
concerne celles de leurs enfants.

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