À la fin du xixe siècle, avec l’extension considérable des moyens de déplacement (chemins de fer, bateaux à vapeur de grande capacité), la barrière des langues devient un obstacle insupportable à la communication internationale. De là émerge l’idée de la création d’une langue universelle véhiculaire. Jusqu’à maintenant, plus de mille projets ont vu le jour.
Un de ces projets va s’imposer devant les autres : l’espéranto. Son auteur, un ophtalmologue polonais, Louis Lazare Zamenhof (1859-1917) dont l’enfance avait été le témoin de conflits permanents ethno-religieux-linguistiques dans la ville de Byalistock
La langue : régulière (sans exception), logique, elle combine les éléments lexicaux des langues indo-européennes et la rationalité de la grammaire chinoise ! Temps d’apprentissage : quatre heure par semaine pendant deux ans, soit sept fois moins de temps que pour l’anglais, langue réputée facile.
La culture : la première brochure est parue en 1887. Depuis, un peu plus de 40 000 volumes (livres et brochures), originaux ou traductions, ont été édités. Il est impossible de faire le compte des rencontres, congrès, colloques qui ont eu un lien avec l’espéranto comme langue de travail. Actuellement, en 2001, on dénombre 250 réunions par an ayant une envergure nationale et/ou internationale. Publications : quelques centaines dont, depuis une quinzaine d’années, des CD de chansons contemporaines.
Les organisations : elles vont des clubs locaux de quelques dizaines d’adhérents à l’organisation UEA (Universala Esperanto Asocio) regroupant internationalement 20 000 membres individuels et collectifs. Mentionnons l’existence de SAT (Sennacieca Asocio Tutmonda) qui regroupe un millier de travailleurs du monde entier sur la base de la lutte de classe.
L’espéranto et l’anarchosyndicalisme : cette langue appartient à tout le monde et à personne. Mais comme l’écrivait son créateur :
« Il est possible que pour nul au monde notre langue démocratique n’ait autant d’importance que pour les travailleurs, et j’espère qu’à plus ou moins brève échéance les travailleurs constitueront l’appui le plus ferme pour notre cause. Les travailleurs feront non seulement l’expérience de l’utilité de l’espéranto, mais ils percevront mieux que quiconque l’essence et l’idée de l’espérantisme. »
E. Adam (dit Lanti), un des fondateurs de SAT pronostiquait :
« L’espéranto sera le latin du prolétariat. »
Il suffit de le vouloir.
Yves Peyraut
& René Centassi et Henri Masson, l’Homme qui a défié Babel, Ramsay, 1995.
& Claude Piron, le Défi des langues, L’Harmattan, 1994.
& Eduardo Vivancos, Une langue pour tous,
l’espéranto, Volonté anarchiste n° 34.
& Simone Glodeau, Une humanité, une langue, SAT-Amikaro. Constamment réédité.
& Nouveau Cours rationnel et complet d’espéranto, SAT-Amikaro, 20e réédition, 67, av. Gambetta, 75020 Paris.