« Nous ne sommes pas encore à l’époque heureuse où nous pourrons enfin nous dispenser d’être outranciers et d’exagérer : nous ne sommes pas encore à l’époque de la sobriété. » L’avertissement lancé par Günther Anders dans le premier paragraphe de son essai Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l’apocalypse (1956) correspond assez bien à la manière dont Jean-Marc Royer conduit sa réflexion dans son ouvrage Le monde comme projet Manhattan. S’inscrivant à l’évidence dans le sillage du philosophe de l’ère nucléaire, il cherche à dessiller notre regard sur une réalité selon lui minimisée et refoulée, abondant parfois dans l’outrance et les déclarations glaçantes. Il s’agit pour lui de montrer, au fil de trois parties d’inégale ampleur et d’une teneur tout à fait différente, comment ce qui s’est joué dans le secret du Complexe militaro-industriel américain a affecté irrémédiablement nos vies actuelles, au point de représenter un véritable basculement civilisationnel.
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