LES FAILLES DE LA RÉVOLUTION
Daniel Colson
Dans le vocabulaire révolutionnaire, les termes de « brèches », de « ruptures » ou de « failles » servent le plus souvent à rendre sensible l’idée de « révolution ». La « révolution », c’est quand tout s’interrompt, quand l’énorme machine sociale, économique et politique des rôles, fonctions et habitudes suspend son histoire et sa reproduction. C’est un « moment » que l’on pourrait qualifier de transcendant ou d’exceptionnel, à la manière imprévisible des miracles et des événements « telluriques » dont parle Élisée Reclus [1] ; un présent sans passé ni avenir,« une fête sans commencement et sans fin » comme l’écrit Bakounine dans sa Confession au tsar, à propos des événements parisiens de 1848 ; une fête où « l’incroyable était devenu habituel, l’impossible possible, et et le possible et l’habituel insensés ».
Comment penser l’impensable et l’éphémère ? Comment donner du sens à « l’insensé » ? Mais aussi, comment confier à des moments aussi exceptionnels le soin de faire advenir un monde émancipé, fondé sur la liberté et l’égalité ?
Lire la suite en pdf