LE MUTUELLISME D’HIER À AUJOURD’HUI
Julien Vignet
Le mutuellisme est une critique en actes du système capitaliste, puisqu’il se fonde sur des échanges égalitaires basés sur la solidarité et la réciprocité, et des échanges directs entre associés, ce qui veut dire qu’il n’y a pas besoin de l’État. Trois principes le fondent : égalité (en actes, pas en droit) ; solidarité (relation éthique à autrui) ; réciprocité (participation active de tous et toutes selon ses capacités et possibilités).
Trois remarques en guise d’introduction. D’abord, le mutuellisme n’a rien à voir avec les mutuelles de santé d’aujourd’hui. Elles sont devenues des banques et des assurances comme les autres. Ensuite, on considère souvent que Proudhon est l’inventeur du mutuellisme. C’est vrai que c’en est le principal théoricien. Mais en réalité il existait des sociétés de secours mutuel dès le début du XIXe siècle et qui ont pour origine les vieilles corporations de métiers, et des « sociétés mutuellistes » dès les années 1830 (avant les écrits de Proudhon sur le sujet). Enfin, le mutuellisme n’est pas la solution magique à la question sociale. Et il y aura bien des débats entre révolutionnaires sur ses impasses, et sur d’autres solutions comme le collectivisme ou le communisme anarchiste. En revanche, c’est en prenant appui sur l’associationnisme, c’est-à-dire les expériences associatives populaires comme l’ont été les sociétés de secours mutuel, les syndicats, les coopératives, les sociétés secrètes, que les mouvements révolutionnaires sont nés et que le mouvement ouvrier s’est organisé. C’est le cas en France, mais aussi en Espagne,
en Angleterre et ailleurs.
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