Danièle Wilmart
Il écoutait les hommes et parlait aux chevaux
Il savait tout entendre, les silences et les mots
Mettre au jour l’indicible, faire jaillir le verbe
Accompagner vers des terres plus fertiles
C’est l’été, c’est le jour le plus long
Sa flamme vacille dans la nuit
Aux déserts du Grand Sud
Il se lavait des âmes et de la pesanteur
Et sous les oliviers de lumière ébloui
Il inspire et s’élance et chevauche au galop
Le cavalier immobile dort près du champ de blé
Nous sommes saisis au zénith installé
Les épis blonds ne sèchent pas les larmes
La monture éperdue ne sait plus où aller
Notre esprit danse entre les sons et les images
Du monde sans frontières qu’il évoquait souvent...
Par le flamenco enlevé, est-ce là qu’il est allé
Quand la note bleue s’élève et tremble le duende
Dans le ciel grand ouvert, un oiseau nous fait signe
Quand l’œil ne le voit plus notre regard s’abîme
Et l’océan l’appelle
Au loin un coursier sur les ailes du vent
Emporte le cavalier, et s’exaltent les chants
Vers cette contrée où la couleur devient lumière
La dernière fois que nous le vîmes
Debout dans l’ombre, il était revêtu de soleil
Ne perdons pas ses pas qui mènent à l’horizon
Lever les entraves, susciter les désirs
Prendre la liberté, advienne le sujet
C’est tous les jours à l’aube que s’invente la vie
Écoutons-le encore, lui qui aimait à dire
C’est en marchant qu’on trace son chemin
Danièle Wilmartété 2003