Tout écrit sur le travail ou tournant autour de cette question devrait commencer par cette question : pourquoi ? Plus que les guerres, plus que la nécessité quotidienne de se nourrir ou de faire face aux aléas climatiques, plus que l’écoulement de la vie, de la naissance vers la mort, la soumission à autrui aux seules fins de survivre est insupportable. C’est bien ce que montrent les chiffres publiés ici ou là. Les statistiques liées au aléas du travail sont pléthores. Celles qui font le compte des accidents du travail, des morts, des suicides, des malades, des infirmes et de bien d’autre encore. Elles n’ont pas d’autre utilité que de fournir des chiffres de rentabilité aux arnaques financières que sont les entreprises d’assurances, qu’elles soient sur la vie ou dîtes sociales. Les prolétaires, ouvriers ou employés n’ont pas besoin de ces statistiques. Ils savent dans leur chair que leurs proches, leurs collègues sont malades, infirmes ou morts du fait des conditions d’exercice de leur travail. Ils savent que ces statistiques servent avant tout à calculer leur espérance de vie afin d’optimiser les versements de retraite qui leur sont dus. En 1968, les étudiants de Nanterre voyaient dans les sociologues les chiens de garde du capitalisme. L’utilisation faite aujourd’hui de ces données montre qu’ils ne se trompaient pas tant que cela. Le travail reste quoi qu’il en soit l’expression de la douleur de vivre. C’est pour cela qu’au cours des siècles des individus se sont levés, sans succès hélas, pour faire cesser cette ignominie qui touche tous les secteurs de la société.
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