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Alain-Claude Galtié
« La décroissance » : dans quel contexte ?
Article mis en ligne le 12 novembre 2007
dernière modification le 18 mai 2016

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L’idée pourrait s’en réjouir en l’interprétant comme l’expression d’un besoin d’exercice critique vis à vis des fondements de la civilisation industrielle. Enfin ! Car, évoquer ce sujet il y a peu, et de manière constructive en ouvrant un champ de réflexion et d’action oublié, c’était la garantie de faire un four (1). Donc, après si longtemps d’extinction des feux de la pensée alternative, on se prend à espérer un redémarrage du débat d’idées. Mais, y a-t-il eu débat ? Pas exactement. Y a-t-il eu concertation ? Pas plus que d’habitude, c’est à dire pas du tout. Il y a eu lancement unilatéral sans souci de cohérence avec l’histoire et l’évolution de la critique écologiste, comme on lance un produit dans un esprit de concurrence. Résultat : cette décroissance-là est employée sans autre forme de précision, de façon extensive. Ainsi, l’idée, qui avait la disponibilité d’un outil critique, est passée à l’état contraignant de slogan. Qui a besoin d’un slogan ? D’autant qu’il y a quelques risques à mettre en avant la décroissance seule comme s’il s’agissait d’un objectif en soi, applicable sans distinction de contexte.

Écologisme et décroissance

L’idée qu’il faille faire décroître la production et la consommation là où elles sont devenues excessives est déjà ancienne. Elle fut l’une des premières idées avancées par les mouvements européens et nord-américains des années soixante pour désamorcer la « société de consommation », son gaspillage effréné des ressources et toutes les pollutions et destructions qui l’accompagnent. Rien de nouveau sous le soleil, donc, sauf que les alternatifs d’alors ne lui donnaient pas plus d’importance qu’il n’en faut. Ils avaient bien d’autres choses à mettre en avant. Et, surtout, ils précisaient à quoi elle devait être appliquée ; il s’agissait d’une « décroissance de… ». L’idée fut reprise par Nicholas Georgescu-Roegen. Celui-ci fonda sa critique sur la thermodynamique pour dépasser le dogme mécaniste qui, environ un siècle après son abandon en physique, imprègne toujours la science économique officielle (2). Schématique- (4) A vrai dire, même les notions de déchets, d’effluents, de pollution, sont récentes pour ment, l’économisme mécaniste croit que tout est réversible, que toutes les limites peuvent être surmontées par la technologie, donc que les événements négatifs ne laissent pas de trace durable (3). Ce dogme considère la nature comme un stock inépuisable, accessoirement capable d’absorber tous les déchets et d’effacer toutes les dégradations. C’est ce qui a conduit l’économisme à ignorer le passif créé par les activités industrielles par rapport à l’économie réelle, celle de la biosphère (4). Négligeant les rétroactions négatives, ne retenant que celles qui semblent conforter leur système, les économistes conformistes rêvent dans un monde virtuel de flux continus dont rien ne peut arrêter la croissance.

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