Protéger les libertés par l’arbitraire : le cas inaugural de la Convention thermidorienne et du Directoire
Limitation de la liberté d’expression, surveillance et interdiction des organisations jugées subversives, assignation à rési-dence, déchéance de nationalité, privation des droits civiques, expulsion du territoire, tribunaux militaires... L’arsenal défensif des démocraties contemporaines est varié. Son usage plus ou moins assumé leur permet de désigner avec efficacité les limites au-delà desquelles les valeurs libérales ne s’appliquent plus. Ce faisant, il révèle aussi combien les sociétés adossées aux principes du libéralisme politique maintiennent à la périphérie de l’espace public une réserve de violence et de répression destinée à en assurer la stabilité et l’homogénéité, deux conditions indispensables pour que s’y déploient, sous contrôle, le débat et la compétition pour le pouvoir. Mais cette part de liberté, cette acceptation prudente de l’esprit critique et de la contestation n’existent qu’à condition que soient écartées certaines questions fondamentales : le régime, sa structure socio-économique ou institutionnelle et ses assises morales n’ont que rarement l’occasion d’être mis en jeu lors des séquences électorales.
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