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Le fascisme ne passera plus !
Alain Bihr
Article mis en ligne le 30 avril 2015
dernière modification le 24 mai 2017

Le capitalisme n’est aujourd’hui toujours pas sorti de la crise structurelle dans laquelle il est entré au milieu des années 1970 – ce qui en fait d’ores et déjà la crise la plus longue de son histoire pluriséculaire. la mise en œuvre méthodique par la grande majorité des états (notamment des états centraux) tout comme par les instances de gouvernance supranationales (fmi, omc, banque mondiale, union européenne, etc.) des politiques néolibérales a certes permis à partir des années 1980 de redresser significativement la profitabilité du capital, au moins au sein des grands groupes industrialo-financiers opérant sur le marché mondial. mais elles ont ainsi instauré un régime d’accumulation à dominante financière et à faible régulation fondamentalement instable, la poursuite de l’accumulation venant périodiquement se heurter à l’insuffisance de la demande finale (du fait en dernière instance de la croissance insuffisante, de la stagnation voire de la régression des salaires réels). du coup, elles ont aussi donné naissance à des emballements non moins périodiques de la spéculation (au gonflement du capital fictif venant relayer la croissance poussive du capital réel), soit à la constitution de bulles éclatant en de retentissants krachs – la crise dite des prêts subprime (2007-2009) n’étant que le dernier épisode en date de ce processus. à chaque fois, le sauvetage de la partie du capital financier ainsi failli se fait au détriment des finances publiques (dont la situation en conséquence s’est dramatiquement aggravée) et du capital industriel et commercial, conduisant à de nouvelles vagues de licenciement, de nouvelles agressions contre le salariat (niveau des salaires directs et indirects, conditions d’emploi, conditions de travail). et les effets de l’austérité budgétaire se conjuguant du coup à ceux de l’austérité salariale pour aggraver la crise chronique due à l’insuffisance de la demande finale, ce parfait cercle vicieux prépare en conséquence de futurs épisodes de crise budgétaire et financière et accroît la nécessité pour le capital (entreprises et gouvernants) de s’en prendre encore plus durement aux salariés et, plus largement, aux couches populaires, en dégradant davantage encore leurs conditions d’existence et en réprimant plus durement toute résistance de leur part1. dès lors, il n’est certes pas absurde de soulever la question de l’avènement d’états d’exception en europe à court ou moyen terme. entendons par là des régimes de l’état capitaliste qui, tout en maintenant toute la structure juridique nécessaire au procès de reproduction du capital (notamment la garantie de la propriété privée, les contraintes d’exécution de leurs obligations contractuelles par les agents économiques et sociaux, l’arbitrage des conflits entre sujets de droit, la répression des infractions à l’ordre juridique), limitent drastiquement voire annulent complètement les éléments de cette structure qui garantissent les libertés publiques (liberté d’information et d’expression, de circulation et de réunion, d’association et de manifestation, etc.) ainsi que les formes de la démocratie représentative (parlementaire) qui les prolongent et les institutionnalisent, définissant le cadre de ce que l’on nomme ordinairement l’état de droit. bien que sept décennies nous séparent désormais de la chute des régimes fascistes qui ont marqué la scène historique européenne de la première moitié du XXe siècle, c’est encore leur paradigme qui s’impose dès lors qu’il est question d’examiner les conditions de possibilité de l’avènement d’états d’exception dans l’Europe actuelle. ce statut paradigmatique est rarement réfléchi et interrogé, puis rarement contesté encore.