Au sein de l’abondane littérature de dénigrement dont l’anarchisme a pu faire l’objet, deux lieux communs se détachent, touchant respectivement à la violence et à la nature humaine : les anarchistes seraient enclins à faire usage de la violence pour parvenir à leurs fins, et ils auraient une croyance naïve dans la bonté de la nature humaine. Parfois, ces deux idées reçues sont liées de la manière suivante : les anarchistes pensent qu’il suffit de supprimer violemment, immédiatement, les sources de l’oppression pour que la bonté naturelle de l’être humain s’exprime dans une organisation sociale dépourvue de toute forme de domination.
Dans cette brève contribution, je signale l’existence d’une version raffinée de ce lieu commun, appliquée à Bakounine, dans différents écrits du juriste allemand conservateur Carl Schmitt, je montre qu’elle ne peut s’autoriser d’aucun texte du révolutionnaire russe, puis j’interroge l’existence d’un autre mythe, celui de la mauvaise nature humaine, dont Carl Schmitt est un promoteur.
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