Réfractions, recherches et expressions anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
La guerre et la santé de l’État
Marianne Enckell
Article mis en ligne le 19 mars 2015
dernière modification le 15 mars 2016

On l’a vu récemment,le chef de l’état acquiert sa vraie stature, sa vraie carrure en devenant chef de guerre. La décision du président François Hollande d’envoyer l’armée au Mali, en janvier 2013, a été saluée par la quasi-totalité de la classe politique, ainsi que par la presse étrangère : « En un weekend, le président français a gagné ses galons de leader », écrivait Le Temps de Genève. « Durant près d’un an, le président français a mené sa politique comme un homme de parti et il a négligé ses responsabilités internationales. Mais ces derniers jours ont été porteurs de bonnes nouvelles : François Hollande est enfin sorti de son sommeil. Il a ordonné l’intervention au Mali et il a entrepris de séduire les eurodéputés en prononçant un discours juste au moment où s’ouvre le sommet européen sur le budget. […] Cet homme est le président de tout le monde. Chacun se retrouve en lui », juge la Süddeutsche Zeitung.

Chef d’une guerre qui ne dit pas son nom, puisque l’armée n’a fait qu’« intervenir » ? Les intellectuels ont une belle occasion de gloser : il ne s’agit pas d’une guerre entre un État et un autre, l’intervention était nécessaire, l’intérêt national est en jeu… Il ne s’agit même pas de l’exercice d’un « droit d’ingérence humanitaire ». Certains se demandent si la guerre est encore un concept fécond dans l’ère post-moderne, et préfèrent parler de conflits armés, d’« états de violence ». Mais il s’agit bien d’une guerre menée par des États, qui coopèrent contre un ennemi commun (nommé, identifié, stigmatisé) – et pour leurs intérêts économiques et impérialistes.

Lire la suite...