Le Monde diplomatique de janvier publie un article de Jean-Jacques Gandini,
avocat, ancien président du Syndicat des avocats de France
et membre du collectif de Réfractions
sur
Antiterrorisme d’Etat contre libertés publiques
Vers un état d’exception permanent
Après plus d’un mois d’état d’urgence, le bilan apparaît bien maigre : une seule mise en examen pour terrorisme et aucune information judiciaire. Alors que les meilleurs connaisseurs réclamaient davantage de moyens techniques, humains et financiers pour la justice, le gouvernement français a donné tout pouvoir à une police sans boussole, au mépris de l’efficacité et des libertés fondamentales.
"Nice, 19 novembre 2015, 4 h 30 du matin. Des hommes d’une unité d’élite de la police nationale font exploser la porte de l’appartement d’un couple de Tunisiens ; des éclats blessent à la tête et au cou leur fille âgée de 6 ans. Les hommes quittent les lieux bredouilles : ils se sont trompés d’adresse. Le 21 novembre, à 20 h 30, à Saint-Ouen-l’Aumône, une équipe de policiers en tenue d’intervention déferle dans la salle du restaurant halal Pepper Grill. Ils ordonnent aux quelques clients qui dînent tranquillement de poser leurs mains sur les tables. Au sous-sol, ils enfoncent des portes devant le patron qui leur suggère, en vain, d’actionner la poignée. Le 22 novembre, peu avant minuit, en Seine-Saint-Denis, la police fracasse la porte d’un homme converti à l’islam et portant la barbe ; elle dévaste son appartement et repart sans mot dire."
(...)
Le Monde diplomatique Extrait