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Vallès et les anarchistes
Appel à contributions pour la revue "Autour de Vallès"
Article mis en ligne le 11 février 2015
dernière modification le 9 mars 2015

Dans le prolongement de l’article pionnier publié par Roger Bellet au sein du collectif Littérature et anarchie dirigé par Alain Pessin et Patrice Terrone (« Jules Vallès critique de l’État », op. cit., Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1998, p. 51 sq.), ce numéro 46 se propose de mettre en perspective le rapport de Vallès aux anarchismes et la réception de Vallès par les anarchistes - toutes tendances confondues.

Appel à contributions pour le numéro 46 de la revue Autour de Vallès

(juin 2016, Sarah Al-Matary dir., université Lumière Lyon 2, UMR LIRE)

La trilogie romanesque vallésienne, où ne figurent ni le terme « anarchisme », ni ceux d’« anarchiste » ou de « libertaire », compte une seule occurrence d’« anarchie » : elle apparaît dans L’Insurgé (1886) quand, après l’assassinat du journaliste Victor Noir par un Bonaparte, le peuple de Paris va chercher sa dépouille pour en faire l’étendard de la révolte. Le cortège donne alors à voir « des morceaux d’armée qui se cherchent, des lambeaux de République qui se sont recollés dans le sang du mort », « la bête que Prudhomme appelle l’hydre de l’anarchie qui sort ses mille têtes, liées au tronc d’une même idée, avec des braises de colère luisant au fond des orbites ». Déjà en 1881, lorsqu’il préfaçait Le Nouveau parti à la demande de l’ancien communard Benoît Malon, Vallès le félicitait de créer un parti des travailleurs, mais l’avertissait qu’il comptait bien préserver son indépendance : « Ne t’attends donc pas à m’entendre parler collectivisme ou anarchie, à propos de ton livre. Je ne vais pas m’enfermer dans un bivac, quand j’ai devant moi tout le champ de bataille révolutionnaire », écrivait-il ainsi.

(...)

Ce numéro étudiera la manière dont l’autorité vallésienne est constituée ou rejetée par les anarchistes, au regard de hautes-figures comme celles de Louise Michel ou Séverine. De ce fait, une place particulière sera accordée à l’élaboration d’une mémoire vallésienne, quel que soit son support (textuel, plastique, etc.). Une attention spéciale sera accordée à des genres que l’Université juge parfois mineurs ou marginaux. Aussi considèrera-t-on la chanson, qu’elle soit représentée par des pièces aussi célèbres qu’« Elle n’est pas morte » (1886), où Eugène Pottier rappelle la menace révolutionnaire qu’avait laissé planer l’enterrement de Vallès, ou les « Chansons de l’année  » publiées dans Le Cri du peuple par le prolifique Jules Jouy (1855-1897), figure notable des cabarets fin de siècle et du café-concert.

Les arts de l’image, qui illustrent sur le long terme le compagnonnage des anarchistes avec l’œuvre de Vallès, ne seront pas oubliés : on espère ainsi que l’album lithographié où Maximilien Luce (1858-1941) assortit d’un texte de Vallès le récit de son incarcération après les attentats des années 1890 côtoie celui le travail de Jacques Tardi (1946-), dont l’admiration pour Vallès se manifeste au-delà des quatre tomes de la bande dessinée Le Cri du peuple (2001).

(...)

On pourra enfin se pencher sur les feuilles qui, comme le Réfractaire, journal de l’association des Amis de Louis Lecoin, devenu organe libertaire pour la défense de la paix et des libertés individuelles (1974-1983) s’attachent, même ponctuellement, une maison d’édition (1977-1978). De manière plus générale, nous aimerions que ce numéro soit l’occasion de mener une réflexion sur les modalités que la diffusion de Vallès par les anarchistes, que ce soit à travers la republication périodique de son œuvre ou la réédition en volumes, du XIXe siècle à nos jours.

Pour mieux cerner la réception actuelle de Vallès, ce numéro inclura des enquêtes menées auprès de militants anarchistes, au moyen de questionnaires ou d’entretiens.

Pour ce numéro voulu résolument interdisciplinaire, les contributions émanant d’historiens, de sociologues et de politistes sont les bienvenues.

Merci d’envoyer vos propositions d’articles (résumé et titre, même provisoires) à

Sarah Al-Matary (almatary76@hotmail.com)

avant le 30 juin 2015 ;

les textes sélectionnés seront à rendre le 1er mai 2016, pour publication à l’été 2016.

Texte complet de l’appel