Rencontre-débat le samedi 19 octobre 2013 à 15 heures à la librairie La Gryffe (Lyon)
avec Lou Marin
autour du livre
Albert Camus, Écrits libertaires (1948-1960)
rassemblés et présentés par Lou Marin,
nouvelle édition avril 2013, Indigène éditions, éditions Égrégores, 342 pages, 18€
(paru aux éd. Egrégores en 2008)
Le Camus enseigné au lycée en français comme en philosophie donne l’impression d’un auteur académique et scolaire, un peu ennuyeux.
Or Camus, par sa révolte, son aspiration à la liberté, son éthique (refus de la fin justifiée par les moyens), la solidarité concrète dont il a fait preuve, son égalitarisme (pour lui l’intellectuel est à égalité avec les autres hommes, pas au-dessus) est d’une toute autre dimension.
Le recueil de Lou Marin retrace l’élaboration et l’évolution de la pensée politique et sociale de Camus durant la guerre froide, après la Résistance et Hiroshima.
A cette époque, les intellectuels étaient sommés de choisir leur camp : gare à celui qui refusait de choisir entre la peste impérialiste stalinienne et le choléra impérialiste américain. Gare ceux qui s’écartaient de ces chemins tout tracés.
C’est Rirette Maîtrejean, correctrice à Paris Soir, ancienne coéditrice avec Victor Serge du journal L’anarchie, qui sensibilisa Camus à la pensée libertaire.
Lou Marin montre les liens amicaux, fraternels et solidaires que Camus entretint avec les anarchistes de France (le Libertaire, le Monde Libertaire), d’Italie (Giovanna Berneri), l’exil anarcho-syndicaliste espagnol (Solidaridad Obrera), les Suédois de la SAC, des Argentins mais aussi les syndicalistes révolutionnaires de la Révolution prolétarienne (Monatte) et les antimilitaristes et pacifistes de l’époque (Lecoin).
Le soutien de Camus se manifesta régulièrement : lettres, articles, interventions, prises de parole, solidarité financière en faveur des victimes du stalinisme (Berlin 1953, Hongrie 1956)et du franquisme, ainsi que des objecteurs de conscience.
Quant à la question de l’Algérie il est fort peu connu que Camus a soutenu le courant indépendantiste de Messali Hadj, non seulement dans les années 30, mais aussi dans les années 50 où il coopèrent ensemble au sein de la Révolution prolétarienne. Le journaliste Camus fut l’un des rares à dénoncer la misère en Kabylie à la fin des années 1930, et à
s’indigner presque seul de la répression qui fit des milliers de morts à Sétif et Guelma en mai 1945.
(La Gryffe)
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Justice pour Lou Marin, le chercheur allemand qui a exhumé ces textes disséminés dans des revues en France, en Espagne, en Allemagne, en Argentine… Car c’est lui le vrai découvreur du Camus libertaire. Justice enfin pour Claire Auzias, l’éditrice d’Égrégores, la première à avoir publié cette anthologie et à qui Indigène s’associe pour donner à ces textes indomptables une plus large diffusion, avec l’accord de Catherine Camus.
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