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Espagne : Écran de fumée ? feu de paille ? braises qui couvent ? ou incendie imparable ?
Tomás Ibáñez
Article mis en ligne le 8 mai 2013

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Le titre choisi pour présenter ces quelques réflexions
rassemble une partie des questions qui se posent au sujet du
Mouvement du 15 Mai (le 15 M, ou encore los indignados…), en
même temps qu’il évoque la nature hétérogène, contradictoire, et
quelque peu énigmatique de ce mouvement intempestif qu’il n’est pas
aisé de déchiffrer à partir des grilles de lecture habituelles.

Passés les premiers moments de surprise et d’enthousiasme le
mouvement du 15 M n’a pas tardé à susciter une avalanche de critiques
en provenance des secteurs les plus radicaux. Il est clair que certaines
de ces critiques sont loin d’être dépourvues de fondements, et il faut
bien reconnaître qu’un mouvement qui a brusquement rassemblé et
fait interagir des milliers de personnes de toutes conditions, avec des
sensibilités politiques diverses, et sans qu’existe une communauté
préalable d’expériences de lutte, offre à la critique une prise relativement
facile. Il serait en effet tout à fait surprenant qu’un tel
mouvement ne soit pas truffé de contradictions internes, qu’il ne soit système, pas sa subversion, et ce qui est
exigé c’est une amélioration du système
pas sa mutation.
Rien d’étonnant à ce que les radicaux
voient ce mouvement comme un mouvement
citoyenniste qui s’insurge contre
les abus commis par les pouvoirs et contre
les vices du système en exigeant qu’ils
soient corrigés, mais sans jamais prôner
une révolte globale. Rien d’étonnant non
plus à ce qu’ils en dénoncent l’humanisme
bon enfant et le caractère radicalement
non violent tout en l’accusant de
contribuer à masquer les vrais problèmes
et à désactiver un éventuel affrontement
radical avec le système.

Les critiques radicales mettent l’accent
sur le fait que ce ne sont pas tellement
les laissés pour compte du système, les
exclus et les travailleurs les plus défavorisés
qui participent aux mobilisations,
mais, principalement, ceux qui sont en
risque d’être déclassés et qui voient se
dégrader leur niveau de vie, ou les
perspectives qu’ils nourrissaient quant à
leur position sociale. De là à soutenir que
ce sont les classes moyennes qui impulsent
et qui dirigent le mouvement, il
n’y a qu’un pas que certains s’empressent
de franchir. De plus, il s’agirait d’un
mouvement qui, d’après eux, n’est pas
aussi démocratique qu’il veut bien
paraître car, d’une part, les assemblées
sont souvent manipulées par des leaders
de groupuscules politiques, ou même de
sectes (comme, par exemple, le mouvement
Zeitgeist) et, d’autre part, la procédure
consensuelle utilisée dans beaucoup
d’assemblées finit par donner naissance
à un exécutif occulte, formé par les
membres les plus spécialisés des
commissions qui doivent reformuler les
propositions n’ayant pas obtenu de
consensus pour qu’elles retournent
devant l’assemblée.

Il ne fait aucun doute que, si l’on s’en
tient aux paramètres classiques, mouvement du 15 M n’a, tant s’en faut,
absolument rien de révolutionnaire.
Néanmoins, l’incertitude qui pèse sur
son développement futur amène certains
de ses critiques à faire montre de
prudence et à ménager quand même un
rayon d’espoir. Le cours des événements
étant bien difficile à prévoir, rien ne dit,
en effet, que ce mouvement ne débouchera
pas finalement sur des formes et
des contenus révolutionnaires. Il
convient donc, en quelque sorte, de faire
crédit au 15 M et d’attendre encore
quelque temps pour voir s’il se rachète et
s’il évolue enfin dans la bonne direction.

Ce type d’analyse critique qui conditionne
la valeur du mouvement à ce
qu’il deviendra montre bien la difficulté
qu’ont certains révolutionnaires à saisir
ce qui ne s’ajuste pas de façon
millimétrique à leurs schémas. Nous
aimerions tous, bien sûr, que le M 15
épouse un jour nos propres conceptions
de l’action révolutionnaire, mais lui
dénier toute radicalité tant qu’il ne se
sera pas ajusté à nos principes témoigne
d’une inquiétante incapacité à percevoir
la réalité sans oeillères politiques. En
effet, si le 15 M mérite d’être pris en
considération, ce n’est pas en fonction
de ce qu’il deviendra éventuellement
dans un avenir plus ou moins lointain,
mais bien en raison de ce qu’il a déjà fait
aujourd’hui.
pas parcouru par des tensions constantes et, surtout, qu’il ne soit pas
empreint d’une tonalité clairement réformiste.

Les divers facteurs économiques, sociaux et politiques qui ont agi
comme déclencheurs de la mobilisation et qui ont permis justement
que celle-ci atteigne une dimension importante, laissaient présager
que les revendications seraient sans doute nombreuses mais qu’elles
seraient marquées par la modération. En définitive, ce que demandent
los indignados, c’est tout simplement un travail relativement stable, un
logement dont le prix ne soit pas prohibitif, un futur qui ne soit pas
totalement bouché, le maintien des services publics actuellement en
place, un système économique plus juste, la mise au pas des entités
financières, un système politique moins corrompu, plus transparent,
plus participatif, bref, ce qui est réclamé c’est un aménagement du

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