Tunisie, Egypte, crise du « libéralisme » financier, mouvement
des indignés… Depuis quelque temps, on parle beaucoup de
liberté, mais justement : de quelle liberté parle-t-on ? Pour
nous, la liberté est l’aiguillon de nos actes et le but de nos vies.
Mais cette liberté n’a pas grand’chose à voir avec la liberté du
tyran opprimant le peuple, la liberté du patron exploitant
l’ouvrier, la liberté qu’ont les puissants de jouir des biens que
d’autres ont produits. Cette liberté-là, on ne la nomme pas
liberté, mais privilège.
La liberté n’est rien sans l’égalité.
Devant les prétentions libérales de donner pour acquis un
concept étriqué qui autorise toutes les corruptions de l’idée de
liberté, Réfractions, dans ce numéro 27, se propose d’explorer de
multiples manières une façon de voir radicalement autre. Cette
conception fait de la liberté la résultante d’une expérience et
d’une construction communes ; elle est fondée sur l’autonomie,
la critique de la représentation et du principe majoritaire. Elle
est développée ici à travers la genèse de l’idée de liberté et selon
des approches diverses, inspirées de Bakounine, de Spinoza ou
de Castoriadis. Au-delà de sources philosophiques différentes,
voire opposées, elles convergent vers une même finalité : celle de
l’émancipation.
Une des lignes de force qui structure ce numéro, c’est
l’analyse des différences fondamentales existant entre une
conception libérale et une conception anarchiste ou libertaire
de la liberté.
Dimension inéluctable de la lutte pour l’émancipation,
l’articulation du politique et du social s’impose comme enjeu
dans l’institution du pouvoir. Elle se matérialise dans l’émergence de mouvements sociaux nouveaux : des mouvements,
fragiles et encore en gestation, qui donnent lieu, dans nos pages,
à des points de vue conjoncturels, mais qui sont une esquisse
des préoccupations d’un avenir incertain. Cette problématique
est déjà présente dans l’analyse des luttes passées de libération
nationale.
La commission de rédaction