Réfractions, recherches et expressions anarchistes
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Edito
Article mis en ligne le 22 avril 2011
dernière modification le 29 novembre 2010

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N° 25 À la recherche d’un sujet révolutionnaire

On observe partout dans le monde de multiples contestations de l’ordre
économique globalisé et quelques expériences d’organisation alternative qui
parviennent à atteindre une certaine importance et à s’inscrire dans une certaine
durée. Ainsi, sur les cinq continents, des mouvements paysans, se revendiquant ou non
d’une tradition indigène précoloniale, cherchent à se réapproprier des terres pour y
développer une agriculture de subsistance, respectueuse des hommes et de
l’environnement. Dans les autres secteurs de la production, une telle mise en question
reste minime (pour des raisons qu’il serait utile de comprendre finement) mais elle est
effectuée, de l’extérieur et de manière théorique, par les tenants de la décroissance et de
la simplicité volontaire. À côté de cela, une opposition politique aux instances
dirigeantes mondiales (entreprises multinationales et gouvernements supranationaux)
s’exprime dans les manifestations anti-mondialisation et dans les contre-sommets, et de
multiples mouvements de désobéissance civile contestent les lois nationales liberticides,
xénophobes, coloniales. Des insurrections spontanées embrasent des villes et des
banlieues, dont on peut identifier les facteurs déclenchants mais dont on ne perçoit pas
encore les devenirs et les débouchés futurs.

Jusqu’à présent, malgré de fréquents appels à l’unification des luttes, ces initiatives
sont restées locales et fragmentaires. Cependant, les acteurs qui y sont engagés et les
observateurs qui les encouragent sont de plus en plus conscients de la similitude de
leurs motivations et, jusqu’à un certain point, de leurs buts. Est-il permis dès lors
d’espérer que se constitue progressivement, à un niveau international, un nouveau
« sujet révolutionnaire », comparable à ce qu’a pu représenter la classe ouvrière au
XIXe siècle ?

L’expression elle-même ne va pas sans poser quelques questions : faut-il parler de
« sujet » ou plutôt de « subjectivation » ? Qui peut-on considérer comme « sujet » : des
individus, des collectifs, des sociétés ? D’autre part, peut-on dire qu’un sujet est
« révolutionnaire » avant d’être dans l’action révolutionnaire, ce qui est totalement
imprévisible ? Dans ce cas, peut-être serait-il préférable de parler de « sujets
émancipateurs », étant entendu qu’il existe différentes conceptions de l’émancipation et
différents moyens d’y parvenir. Au-delà des mots, la question est claire : assiste-t-on à
l’émergence d’une quantité significative de forces capables de remplacer le système
économique et politique global par un ou plusieurs autres, qui seraient viables,
égalitaires et épanouissants pour l’ensemble des êtres humains ? Sans prétendre prédire
l’avenir, nous souhaitons évaluer le potentiel de ces diverses alternatives et les moyens
que nous pourrions nous donner pour les renforcer. Évaluer aussi certaines théories
géopolitiques comme la proposition de Michael Hardt et Toni Negri de voir dans les
« multitudes » une réponse adéquate au nouveau type d’oppression de l’ « Empire ».
Enfin, s’interroger sur les raisons du si petit nombre de révoltes, alors que chaque être
humain porte en lui tant de potentialités qui sont empêchées de se réaliser : comment
lutter contre l’imaginaire aliéné, contre le fatalisme et la soumission ?


La commission de rédaction

16 octobre 2010. Au moment où nous bouclons ce numéro, et dans l’ignorance où nous
sommes de ce qui va se passer ces prochains jours, la question des retraites en France montre
comment une lutte certes importante mais particulière peut contribuer à déclencher un
mouvement beaucoup plus vaste de refus et de contestations qui efface les frontières non
seulement entre organisations mais également entre les générations.




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