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Anarchistes et juifs
Article mis en ligne le 5 octobre 2009
dernière modification le 11 mai 2020
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En mai 2000 s’est tenu à Venise un colloque international sur "anarchistes et juifs", un thème qui se justifiait par la présence importante et active, au moins dans le passé, de militants d’origine juive dans le mouvement libertaire, et par leur apport particulier à la pensée anarchiste. Les interventions ont été publiées en Italie l’année suivante.

Leur traduction est parue en 2008 aux Editions de l’éclat (Juifs et anarchistes). Le bulletin de critique bibliographique A contretemps a rendu compte favorablement du recueil italien dans son n° 7 (octobre 2002) sous la plume de Freddy Gomez. Et voici que ce même bulletin revient sur le sujet à propos de l’édition française dans son n° 32 (septembre 20009), de manière plus critique ou du moins plus interrogative. Raison de ce retour, les "questionnements" introduits par Pierre Sommermeyer – qui est par ailleurs membre du collectif de Réfractions – sur la manière dont sont abordés (ou contournés) dans ce colloque les liens entre anarchisme et judaïsme.

Ses questions portent pour l’essentiel sur les points suivants :

- La méconnaissance des dimensions sociales et politiques de la religion juive, qui permettraient de mieux comprendre les affinités entre messianisme juif et pensée révolutionnaire anarchiste.

- Dans les divergences sur la question du sionisme, les libertaires qui adhèrent à son projet ne relèvent pas la contradiction entre un mouvement nationaliste visant à l’établissement d’un Etat et le refus anarchiste des valeurs patriotiques. De même sont occultés la présence et le sort d’une population arabe vivant déjà en Palestine, même et surtout par ceux qu’enthousiasmait la création des kibboutzim.

Le mouvement anarchiste n’a toujours pas traité sur le fond la question de l’antisémitisme. En particulier, la spécificité de la Shoah, dans sa délirante volonté d’éradication définitive d’une « race » et de sa culture, n’a pas encore été comprise et analysée.

Ce numéro d’A contretemps comble aussi une lacune du volume publié par les Editions de l’éclat en traduisant le témoignage de cinq participant.e.s du colloque qui s’exprimaient sur leur « double identité » d’anarchistes et de juifs.

Sylvain Boulouque, dont la contribution au colloque figure dans Juifs et anarchistes, refait en historien un bilan des "Paradoxes anarchistes sur la question juive". Ce qu’il met en cause pour sa part, c’est "les difficultés auxquelles sont confrontés les anarchistes lorsqu’ils sont placés face à une problématique nouvelle n’entrant pas dans un cadre idéologique préétabli". Si on peut lui accorder que ce genre de défaillance se rencontre, on n’en reste pas moins perplexe quand il dénonce, à propos de certaines critiques libertaires d’Israël, "le vieux discours anti-étatique archétypal et normatif de l’anarchisme". A quoi pourrait bien rimer un anarchisme qui ne serait plus anti-étatique ?

La « revue des livres » prolonge la problématique du numéro : Daniel Colson sur Michael Löwy, autre intervenant du colloque ; Freddy Gomez sur le "Yiddishland révolutionnaire" d’Alain Brossat et Sylvie Klingberg ; Mathias Potok sur Arturo Schwarz, un des témoins de la table ronde sur la double identité.

Retour sur l’histoire encore avec la traduction d’un chapitre sur "l’anarchisme juif aux Etats-Unis" tiré des Anarchists Portraits de Paul Avrich (1931-2006).
Un commentaire d’actualité sur le conflit israélo-palestinien, signé A contretemps, conclut cette livraison d’une revue qui continue vaillamment de remettre nos pendules à l’heure.
R.F.

Fernand Gomez, 55 rue des Prairies, 75020 Paris (pas de prix, juste des frais)

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