Au début : l’individu… En premier, il y a la vie : avant tout
la conserver puis l’aménager avant de la ménager.
Quand on est humain, on ne peut cependant vivre tout seul et,
qu’on le veuille ou non, on ne devient humain que parce qu’il y a les
autres. Condamnés à vivre en groupe, par nécessité et parce que c’est
notre lot, depuis la nuit des temps, aujourd’hui encore, on a également
besoin les uns des autres, non pour vivre – concept perdu de vue depuis
longtemps – mais pour survivre. On s’est donc organisés et de fait on
a aménagé ce qu’on appelle la société.Avoir besoin les uns des autres
pour la survie s’est assez vite transformé, pour beaucoup, en « utiliser »
l’autre. Bien sûr il y a l’exploitation, on sait tout ça, on enfonce souvent
des portes ouvertes… On y reviendra…
Si l’on considère aujourd’hui ce qui est important dans la vie, on en
vient irrémédiablement à la seule réponse qui est l’amour. Cet amour
qui est omniprésent dans les têtes, les coeurs et les corps et qui, dans
notre société, est si souvent dénaturé, utilisé, détourné, exploité et
« marchandisé ».
En second, donc, il y a l’amour. L’amour et le rêve, aussi vitaux l’un
que l’autre. Ainsi la vie c’est aimer, aimer et rêver, aimer quelqu’un,
aimer vivre avec, aimer faire des enfants avec, éventuellement aimer
certains autres, pas forcément tous les autres car là, ce n’est plus de
l‘amour c’est de la religion. La préoccupation majeure c’est d’être
heureux, de rendre ceux que l’on aime heureux et finalement, la
recherche du bonheur, si elle profite à beaucoup d’autres, tant mieux.
Il conviendrait de définir ce que signifie le bonheur, la vie, qu’est-ce
qu’être heureux… Bien sûr c’est très relatif, c’est fonction de chacun,
c’est à la fois si simple à dire et si compliqué à expliquer. On y
reviendra…
De ces deux points d’intérêt pour
l’individu que sont la vie et l’amour est
issue toute l’organisation sociale. Celleci,
bien que générée par l’être humain –
certes élaborée en groupe – lui échappe
complètement ; ainsi la société construite
par l‘homme, bien qu’il ne l’ait pas
forcément voulue ainsi, fonctionne et se
régénère en dehors de lui : exit l’homme.
La société issue des besoins et nécessités
fondamentaux exploite ceux-ci, mettant
en place des systèmes, créant et gérant
l’exploitation et l’aliénation des individus,
sans qu’il semble possible de
revenir en arrière.
Cette société rentabilise tout : les
premières nécessités, l’espoir et le rêve,
le désespoir et la mort, la maladie et la
misère, l’intelligence, l’espace et le
temps… Le simple fait de vivre « en
société » crée de la valeur, crée la propre
valeur de la société, on subit, tout en le
créant, le mirage illusoire d’un pseudobonheur
factice. Bien sûr, son moteur
c’est le capital, la valeur absolue c’est
l’argent, le modèle capitaliste occidental
tentaculaire qui, répandu sur tout le
globe, génère la dégénérescence de
l’humanité. On y reviendra…
En troisième lieu, la réalité de la vie qui
fait qu’on est dans une société que l’on
produit tout en étant produit par elle, qui nous rend malades parce qu’elle y trouve
son intérêt, dans laquelle nous sommes
englués par ses fils tendus, empêtrés
dans cette toile si finement tissée : le tissu
social. De ce cocon où l’on a tant de mal
à respirer, il faut s’extraire pour penser
une réalité, un système à vivre autre, tout
en faisant avec ce que l’on a et où l’on
est : c’est-à-dire dans un total merdier
désespérant. Le tissu social bat singulièrement
de l’aile côté relationnel,
l’affectif offrant une moindre rentabilité
on s’intéresse beaucoup plus aux incidences
pratiques qu’offrent les relations
sociales. L’organisation du fonctionnement
social s’est appuyée, pour une
bonne part, sur des besoins existants ou
souvent habilement créés. Ainsi, ce que
l’on définit comme « service public » estil
toujours posé comme légitime et
revendiqué comme tel. Le service public
imposé de haute lutte, aboutissement
souvent réussi des revendications
populaires, a vu sa destination détournée
par le système. Il est devenu non plus
moyen mais objet à part entière, objectif
qui se suffit à lui-même. Il échappe aux
humains et souvent n’est plus qu’au
service du profit.
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