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Bernard Leboeuf
Éduquer à l’Unique
Article mis en ligne le 24 juin 2008

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Le vieux mendiant, Folfer
Le vieux mendiant, Folfer

Les expériences libertaires en éducation, inspirées par
Proudhon, Fourier, Bakounine (portées par la Première
Internationale), puis par Pelloutier et parallèlement par
Sébastien Faure, Paul Robin… et tant d’autres, furent des laboratoires
de pratiques pédagogiques antiautoritaires, mettant en oeuvre révolte
individuelle et conscience collective.
À l’occasion des travaux d’innovation permanents et des réalisations
concrètes au cours du XIXe et du XXe siècle, avec des enfants, des jeunes
des adultes, les idées de La Boétie, de Stirner, James Guillaume,
Ferrer,… étaient discutées. D’autres expériences se donnaient, elles
aussi, pour but d’émanciper les individus et de les rendre conscients de
cette émancipation.

« Comment mieux définir la place de l’éducation dans la stratégie
révolutionnaire du syndicalisme que cette phrase de Pelloutier : ” instruire pour
révolter” ? Il va de soi que l’éducation ira au-delà de la prise de conscience et de
la première manifestation de révolte. Elle sera, à la fois par les clés de
compréhension du réel qu’elle offre, l’aiguillon permanent de la révolte, et par
les capacités de pensée et d’action qu’elle octroie, l’un des outils privilégiés de la
transformation sociale [1]. »

Les apprentissages, formations, échanges sont stimulés dans des
cadres d’éducation « intégrale » (c’est pour toute la vie) et « polytechnique
 » (tout peut servir de point de départ à l’enseignement, et rien
n’est tabou). Où tout est matière à échange, où tout est d’égale importance
pour une « formation intégrale » ; une coopération (entre enfants,
entre enfants et adultes, entre adultes) pour permettre de développer
ses connaissances, des pratiques, le développement de l’esprit critique
dans les domaines liés aux savoirs (comme l’histoire, la géographie, les
mathématiques, les langues), l’éducation artistique (musique, arts
plastiques), le développement corporel (danse, activités physiques ou
sportives), et ce qui peut-être est essentiel à toute formation d’êtres libres, des connaissances liées à
l’organisation sociale de ces « républiques
éducatives libertaires » (des réunions –
toutes séparées pour ne pas mélanger les
intérêts ou les oppositions – liées aux
projets, d’autres pour la vie commune,
d’autres encore pour les conflits…). Être
des créateurs (enfants, comme adultes)
d’oeuvres éphémères ou pérennes. Des
essais, des réussites (des échecs aussi)
pour combattre la soumission et tenter
de prendre la liberté à bras-le-corps, pour
s’émanciper, pour que « l’école » et la vie
ne soient plus séparées voire opposées.

Éducateurs, formateurs, anarchistes,
syndicalistes l’ont parfois rejeté, oublié,
déformé. Max Stirner, pour avoir écrit
L’Unique et sa propriété, ne plaît pas à
tous. Il ne cherchait ni à plaire, ni à
déplaire. L’article qui suit, je l’espère,
éclairera les lectrices et lecteurs sur ses
idées en éducation, par des textes qui ont
précédé L’Unique et sa propriété : de longs
extraits du Faux principe de notre éducation
de Stirner pour convenir ensemble de ce
que nous ne voulons pas en éducation et
de ce que notre révolte bien vivante
aspire à créer et construire, aujourd’hui,
demain pour nous-mêmes et pour
d’autres futurs révoltés…

Max Stirner et l’éducation

Max Stirner, pseudonyme de Johann
Caspar Schmidt, est né à Bayreuth en
1806 et mort en 1856. De 1840 à 1844, il
participe aux cercles radicaux. En 1841, il
fera partie du groupe berlinois Die Freien
(les Affranchis). Il sera pour certains,
disciple de Hegel, et fréquentera Bruno
Bauer, Friedrich Engels. C’est l’époque où
la pensée liée à l’État tente de s’appuyer
sur le Droit au nom de la justice pour se
justifier et condamner l’Ancien Régime,
basé sur les droits divins en particulier.
Pour Stirner, ni l’ancien monde ni le
nouveau n’a sa place : le Moi ne gagne
pas au change et reste aliéné dans
chaque type de régime politique, social
proposé.

Il publie en 1842 Les faux principes de
notre éducation (ou Humanisme et Réalisme),
une réponse aux nouveaux projets
d’État en matière d’éducation et de
formation du citoyen en Allemagne. Son
oeuvre maîtresse en 1844, L’Unique et sa
propriété, est une critique de la conception
et de la vision très religieuse de
l’Homme et du monde. L’homme ne
deviendra libre, individu autonome que
lorsque l’individu sera le créateur de luimême.
Pour cela il lui faudra se débarrasser
de toutes les doctrines ou dogmes
qui demandent à l’homme de se sacrifier
en acceptant des causes supérieures à
lui-même. Alors seulement, l’Unique
sera réellement libre et pourra s’associer
librement avec d’autres individus libres,
et si ces égaux le souhaitent, construire
une société d’égalité politique et d’égalité
sociale.

Soyez accomplis, ainsi effectuerez-vous
quelque chose d’accompli ; sois « en toimême
ton propre achèvement », ainsi votre
communauté et votre vie sociale seront-elles
achevées
 [2].

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Notes :

[1H. Lenoir, Les Temps Maudits, n° 4, 1999, p. 58-59.

[2Le faux principe de notre éducation, in Max
Stirner, L’Unique et sa propriété et autres écrits, trad
P. Gallissaires et A. Sauge, Lausanne, L’Âge
d’Homme, 1972. Sauf indication contraire, tous
les extraits cités sont extraits des pages 29 à 44
de ce recueil.


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