COMME UN DISQUE RAYÉ : VIOLENCE ET RÉSISTANCE POLITIQUE
Gabriel Kuhn
Au début de juillet 2017, une grande manifestation a eu lieu à Hambourg contre la réunion des chefs d’État du G20. Des conflits et des divergences ont éclaté entre les anarchistes non violents de Graswurzelrevolution et d’autres provenant du courant insurrectionnaliste, théorisé notamment par Peter Gelderloos aux États-Unis et Alfredo Bonanno en Italie. Nous avons demandé un commentaire à Gabriel Kuhn, militant anarchiste et auteur de plusieurs ouvrages en anglais et en allemand, qui se situe dans un troisième courant.
Voilà bien trente ans que je suis impliqué dans le mouvement anarchiste. Et tel un disque rayé qui ressasse indéfiniment la même rengaine, un couplet revient sans cesse : le recours à la violence en tant que ressource du mouvement social. On peut répondre que la question est insoluble, rituelle et fastidieuse. Ou bien reconnaître qu’elle est inévitable parce que le sujet est complexe, troublant, et que chaque cas particulier doit être traité pour lui-même. Cette seconde approche est la seule qui puisse rendre le débat fructueux. Somme toute, c’est une question politique, éthique et stratégique de grande importance.
Le débat sur la violence et la résistance politique a fait notamment irruption après des émeutes qui éclatèrent au cours des protestations contre le G20 à Hambourg en juillet 2017. Les points de vue divergèrent comme de coutume : les uns estimaient que ces émeutes jetaient le discrédit sur les préoccupations et les revendications des protestataires ; les autres les jugeaient légitimes, ou du moins compréhensibles, du fait de la lourde répression policière ; et elles révélaient l’existence d’une résistance militante vivace et salutaire contre l’État et le capitalisme néolibéral.
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