Levons d’emblée une ambiguïté : les penseurs liés à la critique de la valeur s’attirent parfois une réputation « théoriciste », peut-être en raison du texte séminal Manifeste contre le travail, du groupe Krisis (2002). Une objection facile consiste à dire qu’on peut bien congédier le travail, en théorie, la réalité sociale a tôt fait de nous ramener au turbin. Que réponds-tu à ce genre de critique ?
On ne peut pas dire que le Manifeste contre le travail ait été « séminal ». En Allemagne, il a paru en 1999, soit une douzaine d’années après le premier numéro de la revue Krisis. Il a par contre été le premier texte du groupe à atteindre un large public – le premier aussi à circuler en France. Il présente cependant, à mon sens, quelques défauts reflétant certaines indécisions d’alors, notamment la propension d’une partie du groupe à considérer le remplacement du travail humain par les technologies comme la base possible d’une émancipation sociale.
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