PLUSIEURS OBSERVATIONS OU FAITS ACTUELS ONT PRÉSIDÉ AU CHOIX du thème de ce numéro. Tout d’abord, la situation faite aux migrants et l’utilisation trouble de la catégorie de « clandestins » par les pouvoirs en place, défendant la « forteresse Europe » contre de prétendues invasions en masse tout en utilisant selon la conjoncture ces mêmes « clandestins » comme une variable d’ajustement sur le marché du travail, afin de faire baisser les coûts en introduisant de la concurrence. Ensuite, l’omniprésence des dispositifs de surveillance aux mains de l’État (police scientifique, caméras, fichages, normalisation et bureaucratisation accrues) et peut-être plus encore les formes inédites de traçage des individus induites par Internet et son monde connecté, au service de multinationales siliconiennes. Enfin, la perspective angoissante que sur tout le territoire, des mégapoles smart aux zones rurales (bien qu’avec d’évidentes variations d’intensité), ce soient désormais les gens eux-mêmes qui acquiescent avec enthousiasme à leur transformation en données à profiler. Même ceux de nos contemporains qui sont conscients semblent avoir baissé pavillon et s’accommodent du fait accompli de la mise en réseau de toute chose, d’autant plus soumis au pouvoir totalitaire des GAFAM (Google ; Amazon ; Facebook ; Apple ; Microsoft) qu’il est invisible, lisse et dématérialisé.
Dans ce contexte de contrôle renforcé et remodelé dans ses formes d’actions, il nous a semblé important de faire droit à toutes les formes de résistance qui s’organisent en prenant le contre-pied de la surexposition imposée… Lire la suite