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Miguel Abensour
Lettre d’un « révoltiste » à Marcel Gauchet converti à la « politique normale »
Article mis en ligne le 19 novembre 2007

Dans votre dernier ouvrage, la Condition historique, livre d’entretiens avec François Azouvi et Sylvain Piron, publié chez Stock en 2003, vous m’accusez de « révoltisme ». À vous maintenant, qui êtes en passe « d’avoir pignon sur rue », selon une expression choisie qui émaille vos propos, de distribuer le blâme ou la louange. Vous risquez donc le néologisme pour me traiter ni plus ni moins de révoltiste. Mais qu’est-ce donc que ce révoltisme forgé visiblement sur le modèle de révolutionnarisme ?

Dans chaque cas, ne nous y trompons pas, le suffixe « isme », suffisamment péjoratif, vise à pointer et à dénoncer une idéologisation du phénomène en question. Comme si le patient, à force d’avoir porté à l’absolu la révolte ou la révolution, était affecté d’une crispation insurmontable, d’une fixation, une crampe de la révolte, telle qu’en proie à la logique d’une idée il ne puisse, faute de plasticité, épouser la nouvelle donne du social-historique. Peut-être auriez-vous pu éclairer davantage le lecteur pour qu’il mesure le piquant de l’affaire. Certes, quatre pages avant d’avoir prononcé votre diagnostic, vous mentionnez qu’il s’est trouvé que je dirigeais une collection chez Payot. Pourquoi n’avoir pas été un peu plus explicite, et n’avoir pas indiqué au lecteur qu’il s’agissait de la collection Critique de la politique ? Ce qui lui aurait permis de trouver, s’il est un tant soit peu curieux, que vous ne redoutiez pas alors d’associer votre plume à celle d’un « révoltiste » – mais peut-être étiez vous atteint vous-même de cette maladie infantile – puisque nous signâmes ensemble en 1976 un texte introductif à La Boétie, les Leçons de la
servitude et leur destin. Nous serions-
nous détournés exemplairement l’un de l’autre, vous travaillant à penser le pouvoir avec la liberté, moi m’arrêtant pour jamais dans le « grand refus » qui force à penser la liberté contre le pouvoir ?
Révoltisme donc ! Au-delà de la crispation, il s’agirait d’une combinaison, à vos yeux indigeste, de démocratisme et d’ultracritique. Indigeste parce que selon vous :
« La philosophie de la démocratie et l’imaginaire de la radicalité subversive font mauvais ménage en dernier ressort. »

Bref, pour m’exprimer dans votre style inimitable, la démocratie « bonne fille » n’aimerait pas néanmoins les positions ultraradicales. Serait-elle donc vouée à une modération grise et sans passion ? Entendons que la chose, le révoltisme, se constituerait en deux moments : d’abord un désinvestissement de la révolution qui se compenserait aussitôt d’un engagement dans la révolte. La rupture avec la révolution proviendrait du choix de la démocratie. Si la démocratie est considérée et acceptée comme « un cadre indépassable », il s’ensuivrait nécessairement une mise à distance de la révolution, puisque le propre de cette dernière, comme l’on sait, est de ne tolérer aucun horizon et encore moins aucun cadre indépassable. Haro sur tous les indépassables, tel est le premier cri joyeux de la révolution. Le révoltisme, affection complexe, sophistiquée, consisterait à se résigner à l’existence de la démocratie, résignation d’autant plus forte qu’il s’agirait d’une démocratie-cadre, comme on parlait jadis de lois-cadres, pour mieux réinvestir la révolte, l’invention collective, sous le triple signe de la revendication radicale, de l’utopie, de la protestation des marges. Certes, je sais depuis longtemps que vous n’aimez pas les marges et encore moins, le petit, ce que la philosophie de Platon à Hegel rejette comme « quantité négligeable ». Or tout ce qui a un parfum d’anti-hégélianisme trouve en vous un « formidable » (qualificatif que vous affectionnez tant) Fouquier-Tinville du concept.
J’aurais à vous en croire théorisé cette vision, « dans la lignée de Lefort » sous le nom de démocratie sauvage, le comble du révoltisme en quelque sorte. Vous me faites bien de l’honneur. Soyons clairs : c’est à Claude Lefort que nous devons incontestablement le concept de démocratie sauvage, et inutile d’essayer de m’embarquer de façon sournoise dans votre règlement de compte avec Lefort. Ce n’est pas mon affaire. Ce que j’ai seulement tenté de faire dans le texte « Démocratie sauvage » et « Principe d’anarchie » (les Cahiers de philosophie, n° 18, hiver 1994-1995), c’est d’expliciter au mieux le concept de Lefort en le mettant en regard du principe d’anarchie de R. Schurmann, comme si ce détour était de nature à faire sortir ce que le terme énigmatique, troublant, de « démocratie sauvage » gardait en réserve. Une double motivation m’animait : lever la discrétion de Lefort quant à ce qu’il appelle lui-même « l’idée libertaire de la démocratie » et surtout par cette idée de prévenir les interprétations minimalistes qui réduisaient la démocratie sauvage à un simple foyer de contestation permanente, sans voir qu’il était question « d’une dissolution des repères de la certitude » au point d’entraîner une indétermination des fondements du pouvoir, de la loi et du savoir. Concept « très douteux » jugez-vous, comme s’il s’agissait d’un mets avarié dont on ne sait s’il est sage de le consommer. On s’en doute, votre réponse est négative : assortissant vos propos de quelques gracieusetés supplémentaires, « esthétique de l’intransigeance », « culte de la rupture », vous accusez les partisans de la démocratie sauvage d’irresponsabilité, de démission ou plutôt vous leur faites le coup de la morale de la conviction et de la morale de la responsabilité. Même si, bon prince, vous concédez quelques traits sympathiques, le refus du pouvoir, des effets possibles de transformation sociale, vous n’en concluez pas moins que cet attachement figé à une morale de la conviction, à une radicalité irresponsable ne peut conduire qu’à une corruption de la démocratie. Le révoltiste serait la belle âme de notre temps. Laissons-là la démocratie sauvage. Tout bien réfléchi, je préfère quant à moi l’idée de démocratie insurgeante. J’y reviendrai. Mais examinons plutôt les présupposés qui fondent votre réquisitoire, sur lesquels vous appuyez votre diagnostic.

D’abord qu’est-ce qui vous autorise
à séparer la révolution de la démocratie de façon aussi péremptoire, aussi rigide ? Peut-on accepter sans plus votre affirmation selon laquelle il y aurait contradiction entre la révolution, en lutte contre les indépassables, et la démocratie assignée désormais au statut de cadre indépassable ? À vous lire, si l’on est démocrate, c’est-à-dire attaché à ce qui aurait valeur de simple cadre, on cesse aussitôt d’être révolutionnaire ; inversement, si l’on choisit la révolution, on tourne le dos à la démocratie. Tout cela paraît bien arbitraire, bien abstrait au révoltiste que je suis. La révolution
n’est pas une entité immuable qui présenterait des caractères aussi déterminés qu’une pierre ou un arbre. La révolution est un événement historique, aussi existe-t-il une pluralité de révolutions possibles, et une pluralité de traditions révolutionnaires. Au moins deux, selon Oskar Anweiler (les Soviets en Russie, 1905-1921), la jacobine et la communaliste. Sans risque d’erreur, on peut présumer que la question du rapport à la démocratie ne se pose pas de la même manière dans l’une et l’autre conception de la révolution. Alors pourquoi nous asséner pesamment de telles généralités ?

Derrière votre argumentation que trouve-t-on sinon un singulier étiolement de la démocratie ramenée de surcroît à l’état de cadre antirévolutionnaire. Mais que faites-vous alors de la révolution démocratique dont il vous est arrivé de vous recommander ? N’est-ce pas du surgissement de cette alliance de révolution et de démocratie que vous avez attendu la chute de la domination totalitaire ? Dans la Démocratie contre elle-même, vous écrivez page 15 :
« À cette représentation d’un fondement logé en haut, la révolution démocratique substitue la représentation d’un fondement situé en bas. »
Voulez-vous dire que, la révolution démocratique une fois faite, la démocratie n’est plus alors qu’un cadre, une forme qui se transforme aussitôt en rempart antirévolutionnaire, voire contre-révolutionnaire ? Mais qu’est-ce qu’une démocratie, enfant de la révolution,
qui aurait pour fin de barrer la route à
la révolution, en décrétant que la révolution est finie ? À ce propos, la révolution démocratique est-elle jamais finie, s’arrête-t-elle par exemple à la substitution d’un fondement logé en bas à un fondement situé en haut ? Dans sa trajectoire interminable, la révolution démocratique ne s’attaque-t-elle pas à l’idée même de fondement, faisant sienne la crise des fondements, grâce à laquelle elle saura trouver un nouveau visage ? Si l’on consent à voir dans la démocratie autre chose qu’un régime politique – mais y consentez-vous encore depuis que vous identifiez la démocratie à un cadre ? –, si l’on sait y reconnaître une institution politique du social spécifique, en ce qu’elle accueille le conflit au lieu de s’y dérober, en ce qu’elle multiplie les foyers d’invention collective, en ce qu’elle fait circuler la volonté d’autonomie dans toutes les sphères du social, en ce qu’elle suscite une série d’expériences de la liberté politique, si l’on consent à la voir sous son véritable visage, alors la révolution démocratique loin d’être figée dans son résultat, une forme, est à concevoir comme un processus, une percée sans fin, aventureuse, non installée dans un univers de certitudes ou de garanties, mais plongée dans l’incertitude même, en proie à la peur de l’échec ou de la régression. Enfin, depuis quand l’effectuation d’une révolution serait-elle nécessairement anti-démocratique ? comptez-vous pour rien la révolution de 1848, l’opposition de Rosa Luxembourg au bolchevisme, la révolution des Conseils, les comités d’action de 1968 ?

Décidément, comme vous l’avouez sans vergogne, vous avez « viré à droite ». On ne saurait s’en étonner quand on observe au fil des entretiens votre proximité à François Furet. Paix à son âme. Mais il faudra bien un jour qu’un esprit critique entreprenne de mesurer l’effet-Furet sur l’intelligentsia française dans la dernière partie du xxe siècle, effet institutionnel, effet intellectuel, effet politique. On s’apercevra alors des dégâts auprès des historiens, des philosophes (c’est au séminaire de Furet qu’Alain Renaut dit avoir découvert Rawls !) et plus largement sur le public cultivé, lecteur des gazettes. On s’étonnera alors de constater comment des esprits indépendants, inventifs, plus portés à l’hérésie qu’à l’orthodoxie ont pu prendre intérêt au travail de celui qui n’avait de cesse de construire un nouveau juste milieu, mâtiné de 1789, de Thermidor, de pensée doctrinaire, d’orléanisme (Ah ! le règne des « hautes capacités »), de républicanisme centriste style IIIe République, d’aronisme. Comme si l’œuvre de François Furet, qui conjure tant l’utopie que la révolution, avait servi d’asile souriant, sceptique, voire cynique, aux repentis de toute sorte. Mais diable, pourquoi ceux qui n’avaient à se repentir de rien, qui dénonçaient vigoureusement le stalinisme quand Furet était encore stalinien se sont ils rapprochés de lui ? Mystère ? Un symptôme de fatigue de la raison ? Dans votre cas, l’effet-Furet est massif et apparemment vous n’avez pas été gêné par la correspondance avec Nolte. Pour en apprécier la prégnance, il suffit de lire ce que vous déclarez à propos de Thermidor. Je cite in extenso :
« Du point de vue de cette réflexion de la Révolution sur elle-même, le moment le plus riche et le plus poignant est son moment le plus négligé : Thermidor. Le moment de la liberté retrouvée, mais aussi le moment de l’échec final à institutionnaliser la liberté, en dépit des leçons de l’expérience, le moment de l’autocritique impuissante. Il y a quelque chose de pathétique dans l’impossibilité que manifestent les gens de Thermidor et du Directoire à s’extraire d’un modèle dont ils discernent pourtant avec lucidité les pièges et dont ils s’efforcent de colmater les brèches. Rien n’y fait, ils y sont invinciblement englués. C’est une sorte de tragédie intellectuelle après la tragédie politique. Mais l’effort de réflexion de ces esprits écartelés est admirable. »
la Condition historique, op. cit., pp.280-281.

Pour le tragique et l’admirable, pour autant que vous consentiez à sortir de l’histoire constitutionnelle, il me semble que vous vous trompez d’adresse. En effet, de ce point de vue, il vaut mieux
se tourner vers les Journées de prairial, les Martyrs de prairial traduits devant
un tribunal militaire réservé aux insurgés de Vendée (une manifestation de l’État
de droit thermidorien sans doute), vers Babeuf et la Conspiration des égaux.
On y respire un air autre que celui qui émane des miasmes de l’affairisme
thermidorien.

C’est ce virage à droite qui vous a amené, dites vous, à vous rallier « à la politique normale ». Comment un esprit aussi délié que le vôtre peut-il se satisfaire d’un aussi pauvre concept, s’il s’agit d’un concept ? Qu’est-ce que c’est que ça la politique normale ? En juin 1940, par exemple, à se rallier à la politique normale, de quel côté se dirigeait-on, du côté de Vichy et de ses abjections, ou du côté de la révolte et de ceux qui appelaient à ne pas accepter l’inacceptable ? Aujourd’hui, faut-il pour s’y repérer se pencher sur un épisode tout frais si j’ose dire, celui de la canicule ? 15 000 vieillards décédés en quelques semaines, soit une ville de France anéantie, vidée de ses habitants par suite de l’impéritie du gouvernement et non d’une catastrophe naturelle, contrairement à ce que soutiennent ceux qui confondent la nature et l’histoire. Une commission parlementaire qui accuse le cabinet du ministre pour mieux innocenter le ministre. Laissez-moi vous dire que sous la IIIe ou la IVe République le ministre responsable aurait été aussitôt renvoyé dans ses foyers et pour toujours. Un cas de politique normale ? Foin de cet accident trivial. Je vous accorde d’être un peu teinté de Kelsen et d’entendre par « politique normale » celle qui correspond à la norme fondamentale, c’est-à-dire à la Constitution. Faut-il alors vous rappeler, à vous qui êtes spécialiste de l’histoire constitutionnelle que la Constitution de 1958 née dans la crise d’une guerre coloniale impitoyable, d’un coup d’État, est tout sauf démocratique. Et ce n’est pas l’alternance de 1981 qui par un coup de baguette magique l’aurait soudain démocratisée. L’auteur du Coup d’État permanent, François Mitterrand, n’a-t-il pas trouvé tout à coup que la chaussure convenait à son pied ? Cela doit faire partie sans doute du « bilan tout à fait honorable de la social-démocratie ». En termes stricts, cette Constitution est explicitement contre-révolutionnaire : n’est-il pas en effet de tradition républicaine et démocratique (1789-1791, les lois de 1875) que la loi se voit reconnaître une compétence universelle, alors que désormais sa compétence est limitée. Se rallier à la politique normale, c’est donc accepter des institutions à tendance ouvertement autoritaires, issues de la revalorisation des gouvernements forts, mouvement apparu dès le début des années 1930. Même les Thermidoriens s’en seraient émus. Mais peut-être voulez-vous dire tout simplement que le temps est venu de se convertir à la normalisation. S’il y a de l’immaîtrisable, de l’imprévisible, du « sauvage », en un mot dans la pratique de la démocratie, il conviendrait donc de la normaliser, de la dompter, de la discipliner, de faire rentrer enfin le fleuve tumultueux de la démocratie dans son lit, dans son cadre, diriez-vous.

Nous le savons, vous êtes un habile homme. Vous savez souffler à merveille le chaud et le froid. Ainsi dans Libération du jeudi 26 février 2004, vous nous faites savoir que vous avez été secoué d’un immense éclat de rire à la lecture de la pétition des Inrockuptibles et vous ajoutez tout de go, pour faire bon poids bonne mesure, « qu’au gouvernement et à l’Élysée, indéniablement c’est la connerie au pouvoir ». Libre à vous de vous laisser aller à quelques foucades juvéniles, à quelques coups de gueule retentissants. Mais ça ne trompe personne. Ce qui compte, c’est votre définition de la démocratie comme cadre indépassable ; tant que vous y êtes, pourquoi ne pas la définir comme « police » au sens de Jacques Rancière, dans la Mésentente, à savoir... « l’organisation des pouvoirs, la distribution des places et des fonctions et les systèmes de légitimation de cette distribution » (p. 51). Mais le terme cadre dit bien les choses : il s’agit de mettre en forme, de mettre en place, de mettre à l’intérieur de limites un phénomène, par exemple une action, qui tend spontanément à déborder les limites que travaille à lui assigner précisément un cadre. Un cadre ou une assignation à résidence en quelque sorte. Avant de vous lancer dans cette direction et de brocarder l’idée de démocratie sauvage, vous auriez pu vous souvenir d’une lecture de jeunesse, Marx, et de sa remarquable intuition dans le texte de 1843, selon laquelle la démocratie lorsqu’elle atteint à sa vérité, « la vraie démocratie », va de pair avec une disparition de l’État politique, mieux, s’accompagne d’une lutte contre l’État. Peu importe ici les qualificatifs choisis pour définir cette vraie démocratie : « radicale », « sauvage » (pour ma part, je préfère « insurgeante ») ; ce qu’il y a de commun à ces tentatives, que les auteurs le sachent, le veuillent ou non, c’est une fidélité à l’intuition de Marx, ou au-delà du nom de Marx une sensibilité à l’impulsion anti-étatique, à la lutte contre
l’État qui surgit au cœur de toute révolution moderne. Contrairement à ce que vous soutenez, la démocratie n’est pas une forme cristallisée, ou en voie de cristallisation ou d’autonomisation, qui instaurerait une organisation des pouvoirs et les règles du jeu ; elle est bien plutôt un mouvement continué, un agir politique qui dans sa manifestation même travaille à défaire la forme-état, à en arrêter la logique (domination, totalisation, médiation, intégration) pour lui substituer la sienne propre, celle du peuple souverain, en lutte contre les réconciliations mystifiantes et les intégrations fallacieuses. La démocratie est l’institution déterminée d’un espace conflictuel, d’un espace contre, d’une scène agonistique sur laquelle s’affrontent deux logiques antagonistes, celle de l’autonomisation de l’État en tant que forme, et celle de la vie du peuple, en tant qu’action, agir politique. Au sein de la révolution, la démocratie est insurgeante à un double titre : car elle lutte sur deux fronts à la fois, contre l’État « d’Ancien Régime » et ses survivances et contre le nouvel État, in statu nascendi et ses innovations, visant à circonscrire une nouvelle division entre les grands et le peuple. Contre les cadres vermoulus, mais aussi contre les cadres faits à neuf du nouvel État, contre l’identification, la réduction de la démocratie à l’État de droit, tel est le combat que mène « le monde à l’envers », la démocratie en tant qu’institution continuée du social. S’il est une corruption de la démocratie, c’est de laisser son agir politique se pétrifier et, du même coup, au détriment de son insurgeance, laisser prise à la logique de l’État en tant que cadre.

J’arrête là. Vous m’avez compris, Monsieur l’admirateur de Thermidor, Thermidor mon amour, comme écrit Louis Janover : s’il y a une « canaille » révoltiste, eh bien j’en suis et heureux d’en être.
Miguel Abensour