Déceler de nouvelles formes de révolutions dans le monde actuel me semble requérir en premier lieu une distinction entre deux significations de la révolution, l’une comme processus et l’autre comme résultat. Dans le premier sens, elle s’oppose à l’évolution ou aux réformes en tant que renversement rapide ; dans le second, elle s’oppose, en tant que changement en profondeur, à la permanence des structures principales sous des modifications mineures. Les deux significations ne vont pas nécessairement de pair : un renversement brutal (par exemple, une insurrection violente) peut conserver les anciennes structures de base, et une évolution progressive peut aboutir à avoir totalement modifié les cadres. La plupart des débats sur la révolution portent sur le processus même de renversement : on discute pour savoir s’il peut être décidé, prévu, organisé par des sujets, ou déterminé par une nécessité. À propos du résultat, c’est-à-dire de la nouvelle organisation sociale, on discute surtout du rôle du projet révolutionnaire : fait-on la révolution en vue d’une certain société qui nous semble désirable, ou bien vaut-il mieux n’imaginer aucune autre organisation à l’avance, de crainte de fermer la porte à la spontanéité de son avènement ?
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